Denis Cloutier subit son procès pour des crimes sexuels

Le procès de Denis Cloutier, accusé de crimes sexuels à l’endroit de deux jeunes filles, s’est ouvert, mercredi, devant le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec au palais de justice de Victoriaville.

Cloutier, 37 ans, de Saint-Rosaire, fait face à quatre chefs d’accusation, deux chefs d’attouchements sexuels et deux autres d’agressions sexuelles.

Les faits qu’on lui reproche se seraient produits à Victoriaville entre le 1er juin 2005 et le 1er mars 2007. Les plaignantes avaient moins de 14 ans à l’époque.

Une ordonnance de non-publication interdit de divulguer tout renseignement pouvant permettre d’identifier les présumées victimes.

La poursuite, représentée par Me Ann Marie Prince, a d’abord fait entendre, comme premier témoin, l’enquêteur François Robert de la Sûreté du Québec, qui n’est pas l’enquêteur principal au dossier.

Le policier a témoigné seulement sur un échange sur Facebook entre l’accusé et la première plaignante. Celle-ci dira d’ailleurs par la suite que cette conversation sur Facebook visait à confronter l’accusé. «J’ai décidé de l’affronter pour qu’il réalise ce qu’il a fait, que ce n’était pas correct et qu’il a chamboulé la vie de deux personnes», a indiqué la jeune femme.

Interrogée par Me Prince, la présumée victime a été invitée à décrire les gestes qu’elle aurait subis, indiquant qu’à plusieurs occasions, alors qu’elle se trouvait à l’ordinateur, l’accusé, derrière, commençait par lui masser le dos, pour descendre ensuite plus bas et en arriver à mettre sa main sous son pantalon et toucher ses parties intimes.

«Je ne sais pas combien de fois cela s’est produit, ni la fréquence», a soutenu la plaignante, propos qu’elle a répétés en contre-interrogatoire. «Je ne peux dire non plus la durée, mais c’était toujours sensiblement le même scénario», a-t-elle ajouté.

La plaignante a également évoqué deux autres épisodes, l’un où l’accusé lui aurait massé un genou blessé pour tenter ensuite de monter plus haut, et un autre où l’accusé, torse nu, aurait aussi affiché sa nudité. «J’ai été surprise, je ne m’attendais pas à ça. C’est la première fois que je voyais son pénis qu’il touchait d’une main. Mais je ne sais pas s’il se masturbait, je ne m’en souviens pas», a-t-elle relaté.

Tout en répondant aux questions de la procureure aux poursuites criminelles et pénales, la plaignante a raconté qu’elle ne souhaitait pas dénoncer. «Je ne voulais pas le dire pour protéger ma mère. Je savais qu’elle serait démolie», a-t-elle noté avec émotion.

Mais un professeur à qui elle s’était confiée en troisième secondaire l’a finalement menée à une travailleuse sociale qui, elle, a téléphoné à ses parents.

Contre-interrogatoire

Une fois l’interrogatoire principal terminé, l’avocat de Denis Cloutier, Me Denis Lavigne, a entrepris son contre-interrogatoire, la questionnant sur sa relation avec l’accusé, sur le comportement de ce dernier.

Cherchant à savoir si elle avait parlé des présumés abus, la jeune fille a reconnu en avoir parlé, au niveau primaire, à une intervenante de passage à son école. «La dame m’a dit de dire : non», a-t-elle souligné.

À l’école primaire également, elle affirme en avoir parlé à sa meilleure amie, lui précisant qu’elle vivait des choses «pas normales».

La plaignante a admis aussi avoir inventé une histoire de lettres de menaces, des menaces par le biais de Facebook plutôt, a-t-elle corrigé à la suite des questions de Me Lavigne.

«À l’époque, je vivais des conflits avec mon père, avec mes amis. J’ai inventé cette histoire pour attirer l’attention», a expliqué la jeune femme qui s’est rappelée, dit-elle, ce mensonge en revisionnant son interrogatoire vidéo avec l’enquêteur Gilbert Lemelin de la SQ. «En revoyant l’interrogatoire le 4 septembre pour me rafraîchir la mémoire, j’ai réalisé que je faisais état de ces fausses menaces, a-t-elle raconté. J’ai décidé de le dire parce qu’aujourd’hui, je suis plus mature, j’ai réalisé les impacts, je ne voulais pas dire des mensonges et l’accuser faussement.»

Avant la pause du dîner, le procureur de Cloutier a fait savoir qu’il souhaitait revoir et réentendre l’interrogatoire. À la reprise de l’audience en après-midi, le juge Langelier s’est retiré le temps que la plaignante puisse réentendre son témoignage à l’enquêteur, témoignage d’une durée de près de 30 minutes.

Par la suite, Me Lavigne a tenté, sans vraiment y parvenir, à soulever des contradictions dans le témoignage de la plaignante et ses propos tenus lors de l’interrogatoire vidéo.

La jeune femme a pu quitter la boîte des témoins quelques minutes avant 16 h, ce qui a mis un terme à l’audience ajournée au 12 novembre.

Me Prince du ministère public continuera alors d’exposer sa preuve. Elle fera entendre, a-t-elle fait savoir, trois autres témoins, dont la deuxième présumée victime.

Ensuite, la partie défenderesse entrera en jeu. Une journée entière a été prévue pour la suite de ce procès.