Non aux «décos» dégradantes!

En allant dîner au IGA de Victo, je me suis heurtée à une immense affiche de la grandeur d’une porte, à l’entrée de la salle à manger. La scène, illustrait avec réalisme et couleurs vives une salle de bain dans laquelle avait eu lieu un dépeçage de corps humain : du sang partout sur les murs, un corps démembré et sanglant, dispersé ça et là. De quoi couper net l’appétit… «Déco d’Halloween», m’a précisé une caissière.

Je suis très choquée de l’attitude de cette épicerie ainsi que des autres commerces qui exhibent des décorations dégradantes. On ne peut décemment utiliser une fête populaire pour manquer de respect non seulement envers le public, mais aussi envers l’être humain en général. Une telle affiche banalise le meurtre, la cruauté et la souffrance de nombreux êtres humains qui en sont victimes à travers le monde.

De Johanne Dorion à la victime de Rocco-Magnota, en passant par la petite Mélanie Decamps ou cet homme d’affaires retrouvé en morceaux dans un motel de Plessisville (et sans compter de nombreux autres cas moins médiatisés), notre Québec porte son lot de barbarie et de deuils choquants. En faire un banal objet de décoration et de rigolade n’est ni digne, ni intelligent, ni amusant.

Pensons aussi à ces militaires, dont certains sont originaires de la région, et qui ont été témoins de telles atrocités au cours de leurs missions : ont-ils le goût de se retrouver face à de tels rappels? Un de mes amis, travailleur pour les chemins de fer, a dû ramasser les restes éparpillés d’un homme qui s’est suicidé : mérite-t-il de revivre l’horreur dans laquelle il a été plongé, et ce à chaque fois qu’il entre dans un commerce ou qu’il passe devant les devantures de certaines résidences? Et on ne parle pas ici des jeunes enfants chez qui de telles illustrations bestiales peuvent causer des traumatismes profonds.

La ville de Thetford Mines, il y a quelques années, a établi un règlement interdisant les scènes de pendaisons, ceci à la suite des pressions exercées par la mère d’un jeune homme qui s’était suicidé par ce moyen. Il est à souhaiter que toutes les villes emboîtent le pas et légifèrent en la matière, pour éviter les scènes sordides dont Halloween est trop souvent l’occasion. À tout le moins, les commerces pourraient s’autoréguler, car ici on est bien loin des toiles d’araignées et des petits fantômes en drap… Un peu de respect, s’il vous plaît!

Sylvie Raymond

St-Ferdinand