L’«autorité», une limite à ne jamais dépasser

VICTORIAVILLE. Sans commenter directement le dossier du prof Sébastien Girard, reconnu coupable d’agression et d’attouchements sexuels, la sexologue Véronique Garneau soutient que, dans des histoires de ce genre, l’«autorité» constitue indéniablement la limite à ne pas dépasser. «Ce n’est pas illégal pour une personne de 16-17 ans d’avoir une relation avec quelqu’un de 45 ans… tant que cet adulte n’est pas en situation d’autorité. Parce qu’au regard de la Loi, l’autorité pourrait avoir servi d’instrument de pouvoir.»

Le verdict de culpabilité prononcé à l’encontre de l’enseignant en musique a provoqué un flot de commentaires au www.lanouvelle.net, pas toujours tendres à l’endroit de la victime qui était adolescente au moment où les gestes ont été commis. Pour éviter les dérapages, il a même fallu retirer aux internautes la possibilité de s’exprimer.

Auparavant, on avait pu lire un commentaire du genre «elle avait juste à ne pas faire sa p’tite pute, un gars c’est pas faite en bois» (sic).

La sexologue ne se surprend pas que l’affaire ait provoqué un commentaire de ce type, alors que l’on vit dans une société hypersexualisée.

Sans rattacher ses commentaires aux protagonistes de l’affaire Girard, la sexologue estime que la lutte à l’hypersexualisation relève de la responsabilité de tout le monde.

Et, contrairement au directeur général de la Commission scolaire des Bois-Francs qui soutenait que la relation maître élève n’était pas plus difficile aujourd’hui qu’hier, elle affirme que le contexte d’hypersexualisation nécessite encore davantage que les profs ou les entraîneurs masculins gardent à l’esprit leurs responsabilités à l’égard des jeunes, devant faire preuve de jugement et de professionnalisme. Le désir sexuel peut être un appel fort… auquel il faut résister.

«Je connais des enseignants qui fuient maintenant les activités parascolaires, les camps de fin de semaine pour éviter de se placer dans des situations difficiles face à des jeunes filles mal intentionnées ou qui cherchent de l’attention.»

Adolescentes, en quête de leur identité, désireuses de plaire, des petites filles jouent la carte de la séduction, veulent être belles, agissent comme des femmes, s’habillent comme si l’école était un bar, décrit Mme Garneau.

«Elles sont de plus en plus jeunes à savoir ce qu’elles provoquent. C’est valorisant pour une adolescente de s’attirer le regard d’un homme plus vieux, d’un beau prof.»

Pas pour rien, dit-elle, que dans les écoles, il a fallu imposer un code vestimentaire afin d’éviter les camisoles, les shorts, les décolletés.

Véronique Garneau raconte qu’un jour, des parents l’ont consultée, dépassés par les événements. «Leur fillette de 8 ans se faisait écoeurer tous les jours au gymnase parce qu’elle portait des bobettes et pas un string comme les autres.»

Ce n’est pas d’être «prude» que d’enseigner aux enfants qu’on peut plaire pour autre chose que son corps ou son apparence, poursuit Mme Garneau. En jeans et en t-shirt, sans maquillage, on peut aussi séduire par son talent, ses connaissances, son esprit, son sens de l’humour, dit-elle.

Elle ajoute que le culte du corps touche aussi les garçons (musculation, bronzage, épilation), mais que leurs comportements ont moins d’incidences sur leurs relations avec les autres. «Certains de leurs comportements peuvent cependant nuire à leur santé.»

Jeunes, parents, enseignants, intervenants, tous, croit la sexologue, détiennent une responsabilité pour contrer les répercussions de l’hypersexualisation, croit-elle. Elle conclut toutefois qu’il n’existe pas de solution magique pour contrer le désir!