Du Quartier DIX-30 à Victoriaville

AFFAIRES.Installé à la direction générale de la Grande Place des Bois-Francs depuis la fin mai, Martin Sévégny effectue en quelque sorte un retour au bercail, lui qui, originaire de Princeville, possède une longue feuille de route, émaillée d’expériences de gestion des plus diversifiées.

D’ailleurs, au temps où la Standard Life possédait encore le Carrefour des Bois-Francs – avant de s’en départir aux mains de Gestion Sandalwood en 2008 – M. Sévigny en a assuré la gestion (de 2002 à 2006), en même temps que celle des Galeries de Thetford.

«Tout ce qui est devenu le Centre de Victoriaville – ancien Carrefour – était déjà sur le papier au moment où je m’y trouvais», soutient M. Sévégny. À la différence que c’est un A&W au lieu d’un McDonald’s qui s’est installé en façade, observe-t-il.

Le dernier emploi de M. Sévégny l’a fait déménager, lui et sa conjointe Danielle Jean, de Princeville où il est né, a travaillé et vécu pendant presque toute sa vie.

À Brossard, il a assuré la gestion immobilière du Quartier DIX30.

«Avec son actif d’un milliard $, ses 58 bâtiments, ses 40 kilomètres de rues, ses 10 000 stalles de stationnement dont 2000 chauffées, ses 50 bornes-fontaines, ses quatre bassins de rétention, son boulevard d’un kilomètre à six voies, on a l’impression en effet de diriger une ville!»

Le gestionnaire y a travaillé durant près de neuf ans, jusqu’à ce que la propriété change de main et que la structure de gestion du centre commercial lifestyle soit modifiée.

Fils aîné du boucher René Sévégny, c’est au Salon de la viande que son paternel avait ouvert en 1971 à Princeville que Martin Sévégny a entrepris sa carrière. Il avait 17 ans.

Déjà tenaillé par la fibre entrepreneuriale, il aurait voulu prendre, plus vite, les rênes de l’entreprise familiale. Son père n’étant pas prêt, le jeune Martin sort du Salon de la viande pour vendre l’eau de source de Boischatel dont il vise obtenir une franchise d’approvisionnement. Mais l’entreprise sera vendue… et les espoirs du jeune entrepreneur tombent à l’eau, c’est le cas de le dire.

Il vient d’avoir 30 ans, il se retrouve au chômage, lui, papa de trois enfants. Et il vient d’apprendre à la toute veille de Noël que les problèmes de son bébé de six mois sont causés par la fibrose kystique. C’est, encore les larmes aux yeux, que le père raconte la vie et la mort de ce fils parti il y a six ans à l’âge de 27 ans.

Martin Sévégny était loin d’avoir terminé ses études secondaires et à la faveur d’un programme offert pour les prestataires d’aide sociale, il retourne à ses manuels scolaires. En un an, il cumule 77 crédits, décroche son diplôme d’études secondaires et se retrouve par la suite en soins infirmiers au cégep de Victoriaville. Peut-être que la maladie de son jeune fils l’y avait incité.

La conciliation travail-études-famille, il l’a expérimentée à fond et c’est «sur le pouce» qu’il faisait le trajet quotidien entre Princeville et Victoriaville.

Il a abandonné ses études en soins infirmiers pour, finalement, acheter l’entreprise de son père en 1986. Même si, depuis 1999, Couche-Tard exploite ce commerce qu’il a agrandi et dont il a fait croître le volume d’affaires, Martin Sévégny en est demeuré le propriétaire. C’est également lui qui a loué à Couche-Tard le 260 à Victoriaville.

Jusqu’en 2006, le gestionnaire a toujours résidé à Princeville. Il a voyagé quotidiennement pour diriger les Galeries de Thetford, le centre commercial la Promenade-de-la-80e de Charlesbourg, occupé la vice-présidence développement du grossiste Alexandre Gaudet, superviser la directrice générale d’un centre commercial de Caraquet.

Il a appris la comptabilité et la gestion à même ses expériences et ses fonctions, à l’«école de la vie», comme dit l’homme d’affaires de 62 ans.

Parti du Quartier DIX30 en mars 2015, le gestionnaire s’apprêtait à entrer chez SNC-Lavalin à Montréal lorsqu’on lui a proposé de déposer son curriculum à COGIR, le gestionnaire de la Grande Place.

Il est content de revenir chez lui, de se rapprocher de sa famille, de ses parents, de son frère Max avec qui il a failli se lancer dans le marché immobilier, ayant même suivi son cours.

Il s’est réinstallé à Princeville là où il a été conseiller municipal (de 2005 à 2009) et où il a contribué à maintenir le centre aquatique voué à la fermeture. Il y a investi dans ce qui allait devenir l’un des premiers appareils supramunicipaux au Québec, raconte-t-il.

Et, non, pas question de politique pour Martin Sévégny. «Je ne suis pas assez zen pour cela!» Il l’est suffisamment cependant pour espérer continuer à travailler au-delà de ses 65 ans.