Choisir comment vivre et comment mourir

SOCIÉTÉ. La loi sur l’aide médicale à mourir demeure encore floue pour la population. À Danville, une artiste en a fait la demande afin d’abréger ses souffrances à la suite d’une maladie fulgurante.

Martine Birobent ne se sentait pas en pleine forme depuis la dernière année. Mais ne voulant pas recevoir de diagnostic de maladie grave et devoir vivre avec de lourds traitements, elle a préféré vivre pleinement sa vie tant qu’elle en a été capable. Mais en janvier 2016, tout bascule. Elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer généralisé fulgurant.

Ne se voyant pas vivre sans la capacité de créer, elle choisira une mort conséquente avec sa démarche, afin de maintenir cette cohérence dans sa vie. Elle et son conjoint optent alors pour l’aide médical à mourir. Martine avait moins peur de mourir que de ne pas savoir où aller après la mort. Elle se posait la question à savoir ce qu’il y a après. Elle lisait beaucoup sur le sujet.

«Martine était fatiguée de se battre. Elle ne voulait pas souffrir et ne voulait pas qu’on ait à s’occuper d’elle. En fait, elle avait plus peur de l’acharnement thérapeutique que de la mort», explique son amoureux, Jean-Robert Bisaillon, qui l’a accompagnée jusqu’au bout.

Cette femme considérait la mort comme un passage à autre chose que l’on ne connaît pas. Elle l’envisageait dans l’action. «C’est le plus beau scénario qui soit pour une artiste qui avait utilisé la création pour vivre. Si elle perdait le moyen de créer, il n’y avait plus de survie possible», poursuit son conjoint.

La démarche

La loi sur l’aide médicale à mourir étant très récente, le couple ne savait pas vers qui se tourner. Ils ont d’abord rencontré un travailleur social, rempli différents documents pour ensuite rencontrer un premier médecin. Mais l’état de Martine se dégradait rapidement, au point de ne plus pouvoir créer après quelques semaines seulement. Elle rencontre un second médecin avant que le geste ne soit posé au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie (CIUSS), à Asbestos. «Le personnel médical est fier du choix légitime de Martine. Les gens que nous avons croisés comprennent son choix», précise Jean-Robert Bisaillon.

Alors que certains manifesteront la volonté absolue de se battre dans la souffrance, Martine Birobent a choisi l’aide médicale à mourir. «C’est important de respecter ce choix personnel. J’espère que sa vie exemplaire, au sens littéral, à travers les arts pour survivre et le choix du moment de sa mort aura été utile», conclut Jean-Robert.

Ce qu’ils ont dit de Martine

Irène Françoise Prost : Elle ne voulait pas des miettes de vie, elle voulait tout ou rien. C’est ce qu’elle m’a dit un jour et je respecte son choix. Mes sympathies pour sa famille.

Isabelle Larouche : Belle âme, va… Elle est déjà si loin de nous tous… Et de là où elle est maintenant, elle nous aime et nous comprend. Martine avait compris tant de choses.

Sabrina Gruss : Une tendre pensée pour la grande tricoteuse.

Marie Claude Pratte : Je t’envoie toutes mes bises possibles, je suis sûre que ta créativité va se poursuivre dans le cosmos et nous allons voir bientôt les astres se parer des couleurs et de l’imaginaire de Martine Birobent!

Mimi Traillette : J’aimais vraiment beaucoup Martine, c’était une artiste sans concession, qui fait son truc sans s’inquiéter de l’avis des autres ou de leur plaire. J’aimais toujours me retrouver en sa bonne compagnie, ses éclats de rire et ses mimiques vont me manquer.