Un Carrefour pour mettre la profession en vedette

TRAVAIL. «La vedette, ici, c’est la profession, pas les institutions», résume Caroline Dion, gestionnaire de projet pour la Table régionale de l’éducation, parlant du 5e Carrefour des professions d’avenir du Centre-du-Québec.

Pendant deux jours, entrepreneurs, formateurs, étudiants finissants parlent, mais surtout démontrent concrètement quelques rudiments d’une soixantaine de métiers et de professions.

Il ne s’agit pas du premier Carrefour, mais c’est la première fois qu’il se déploie à Victoriaville, par accident admet-on, son habituel emplacement à Drummondville ayant été incendié.

«Parce qu’on a besoin de 40 000 pieds carrés, d’une bonne capacité portante, de beaucoup de courant et de grandes portes pour faire entrer des véhicules, comme un camion ou une ambulance, c’est un défi logistique que de trouver un lieu. D’autant qu’on a besoin d’une bonne semaine pour s’installer», explique encore Mme Dion.

Ainsi, c’est sous le toit tout neuf du 940, boulevard Pierre-Roux Est à Victoriaville qu’on a pu aménager le Carrefour des professions d’avenir.

Quelque 60 métiers et professions ont leur emplacement, ayant un lien avec les besoins de recrutement des établissements de formation de la région ainsi qu’avec les besoins de main-d’œuvre.

Quelque 3000 visiteurs étaient attendus, des élèves de quatrième secondaire surtout, des clients en employabilité et en formation des adultes.

«Il n’est pas trop tôt pour les élèves de quatrième secondaire de se questionner sur leur choix de carrière. Parce que c’est à ce moment qu’ils peuvent se diriger vers la formation professionnelle. Ou s’ils envisagent des études collégiales, il leur faut déjà choisir des cours leur permettant d’entrer au Cégep. Et à 15 ans, les jeunes ont déjà la maturité de faire ces choix», commente encore Caroline Dion.

Le Carrefour a ceci de particulier qu’il offre aux jeunes la possibilité de tâter un peu du métier, de souder pour de vrai, de toucher du bois, de piquer un bras (en caoutchouc), d’apprendre à se laver soigneusement les mains. «On veut faire vivre aux élèves une expérience concrète. Et on les met en contact avec des gens qui exercent la profession.»

Les jeunes visiteurs peuvent également obtenir des informations tant des entrepreneurs que des enseignants et des finissants, tout ce monde composant une grande équipe de 200 personnes.

Des métiers à promouvoir

Le président de l’entreprise plessisvilloise Renova, Éric Véraquin estime qu’il est très important pour un entrepreneur comme lui d’aller à la rencontre des jeunes pour parler d’ébénisterie. «Parce que c’est dix fois plus difficile aujourd’hui de recruter dans notre secteur.» Cela, poursuit-il, parce qu’on entretient, à tort, une fausse image de ce qu’est l’ébénisterie. «Notre métier a changé, il est très motivant, hypernumérisé et précis. Et puis, on travaille beaucoup avec le design et l’architecture et de nouveaux matériaux», soutient M. Véraquin.

L’entrepreneur plombier Denis Carignan dit aussi que sa présence au Carrefour peut faire la différence pour un… ou une jeune, parce qu’il y a aussi de la place pour les filles dans ce métier, précise-t-il. Il note que, malheureusement, des 100 élèves qui s’inscrivent à la formation, une quarantaine seulement finiront par décrocher un emploi, plusieurs abandonnant en cours de route. Par les questions qu’il pose et les trucs qu’il propose, il dit pouvoir discerner ceux et celles qui pourraient faire carrière en plomberie.

En cinq ans, le Carrefour des professions d’avenir revêt un tout autre caractère, explique Caroline Dion. Il n’est plus un événement isolé dans le temps et dans le parcours des élèves.

À l’école, avec les conseillers en orientation, on le fait précéder d’un avant… et d’un après, les élèves ayant à se préparer à le visiter et à en faire le bilan par la suite. Mieux, il ouvre la porte à ces jeunes qui, ayant découvert un métier au Carrefour, pourraient aller jusque dans l’établissement, l’entreprise ou l’usine où s’exerce le métier qu’ils souhaitent explorer davantage.

Caroline Dion explique aussi qu’en cinq ans, la Table a raffiné la promotion de la formation professionnelle (60% des professions représentées). Au www.trouvetoi.ca, les jeunes peuvent également obtenir beaucoup d’informations.

Les institutions, comme les cégeps de la région et Emploi-Québec, avaient aussi leur emplacement, pouvant guider et informer les visiteurs.

Il manquait certaines professions au 5e Carrefour, des absences liées aux moyens de pression des enseignants.