Richardson n’est pas à court de solutions

VICTORIAVILLE. Pour la première fois sous le règne de Bruce Richardson, les Tigres traversent un passage à vide. Après avoir surpris au cours de la première portion du calendrier, les jeunes félins semblent avoir perdu leurs repères. Loin d’être à court de solutions, Richardson a fait des pieds et des mains au cours des derniers jours pour tenter de relancer sa troupe.

L’entraîneur-chef des Tigres est un fin communicateur. Il est également un fervent des rencontres individuelles. Il prend quotidiennement le pouls au sein de sa formation en rencontrant tous les joueurs de l’équipe.

Il n’a donc pas hésité à donner «un petit devoir» aux siens au cours des derniers jours. Chacun d’entre eux a eu à présenter sur papier leur analyse du présent passage à vide ainsi que des pistes de solutions pour s’en sortir. L’exercice s’est avéré fort intéressant, à la lumière des propos de l’entraîneur.

«L’un d’entre eux estime que les joueurs semblent penser davantage à l’an prochain ou à dans deux ans, lorsque l’équipe sera à maturité, alors qu’on devrait plutôt avoir la tête à cette année, au prochain match», a raconté Richardson.

Celui-ci, qui répète sans cesse qu’il déteste davantage perdre qu’il aime gagner, dit avoir apprécié cette analyse. En effet, les Tigres se sont rajeunis au cours de la période des échanges, échangeant trois vétérans de 19 ans. Ces changements ont fait d’eux la formation la plus jeune du circuit Courteau. Le hockey junior étant cyclique, il ne fait aucun doute que la formation des Bois-Francs prépare le terrain en vue des prochaines campagnes. Or, Richardson ne voit pas les choses du même œil. Il est convaincu qu’il possède les outils pour rivaliser avec les autres formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec dès cette saison. Le hockey, selon lui, se vit dans le moment présent. Il dirige chaque match comme si c’était le dernier. Il veut gagner tous les soirs où il se présente derrière le banc pour diriger les Tigres.

«Et le hockey junior, ça passe tellement vite. C’est, selon moi, la plus belle période dans la vie d’un hockeyeur. Les gars ne retrouveront jamais cela. Il faut qu’ils en profitent. Ils doivent penser à cette année. Quand on devient un joueur professionnel, c’est autre chose. La pression est différente. On doit absolument faire le travail si on veut garder notre job. Sans job, on ne gagne pas d’argent et sans argent, on ne survient pas aux besoins de notre famille», a-t-il expliqué, en début de semaine, après un entraînement intensif des siens.

Richardson, qui a toujours dû batailler ferme pour son poste, en sait quelque chose. Il n’a jamais pu s’asseoir sur ses lauriers durant sa carrière professionnelle. Son parcours junior s’est terminé lorsqu’il a fait le saut dans la Ligue américaine à 20 ans. «On ne sait jamais quand notre stage junior se terminera. J’en suis la preuve. Il faut donc profiter pleinement du moment présent, peu importe le contexte», a-t-il enchaîné.

Il espère donc que ses protégés renverseront la tendance. Malgré leur inexpérience, il s’attend à ce qu’ils offrent une bien meilleure opposition aux formations ennemies, ce qui était la marque de commerce des Tigres au cours de la première moitié du calendrier.

Les vétérans prennent les choses en main

Depuis qu’il est en poste, Bruce Richardson multiplie les activités d’équipe en dehors de la surface glacée. Il estime que ce genre de rituel s’avère essentiel pour créer la chimie nécessaire pour guider sa troupe vers les plus hauts sommets.

Lors du dernier périple à Baie-Comeau, Richardson a cru bon de changer les idées de ses protégés de cette façon. Le week-end dernier, l’entraîneur a été ravi de voir que les vétérans de l’équipe ont poursuivi dans la même veine.

De leur propre chef, ils ont organisé une activité d’équipe dimanche dernier. En temps normal, ils auraient bénéficié d’une journée de congé. Ils ont plutôt choisi d’aller se divertir au «Tagball» à Warwick. «J’ai été agréablement surpris de cette initiative. Ces activités sont importantes, d’autant plus que nous avons plusieurs nouveaux venus depuis la période des échanges. Les gars ont choisi le bon moment. En plus d’être une journée de congé, les gars n’ont pas hésité à investir un peu de leur argent pour faire cette activité. C’est significatif à mes yeux», a commenté Richardson.

Ce sont les vétérans comme Angelo Miceli, Julien Proulx, Tristan Pomerleau et Phil Pietroniro qui ont proposé ce projet. Le capitaine des Tigres explique qu’il fallait intégrer les nouveaux coéquipiers à la «famille». «L’ambiance est excellente depuis le début de la saison. On veut que ça reste ainsi. C’est plaisant de pouvoir voir les nouveaux en dehors du contexte du hockey», a-t-il expliqué.

À l’image de son entraîneur, il estime que le temps était opportun pour tenir une telle activité, les siens n’ayant pas savouré la victoire à ses quatre dernières sorties. Au cours de cette période, ils ont alloué 30 buts et en ont marqué 14. Les Tigres ont été particulièrement mauvais dans leur territoire durant cette sombre séquence, en plus de multiplier les revirements. «Contre les Islanders samedi, nous en avons commis 30!», a pesté Richardson.

D’ailleurs, à l’entraînement mardi, l’entraîneur-chef ne s’est pas gêné pour faire connaître sa façon de penser à ses protégés. Témoin de trop de revirements à son goût, il a mis un frein à l’exercice, a frappé la bande avec son bâton avant de le lancer sur la glace. Il a hurlé à ses protégés de cesser ces revirements inutiles. Après s’être emporté, l’entraîneur a ordonné la poursuite de l’entraînement de façon intensive. «On cherche à en faire trop. On prend les mauvaises décisions», a-t-il commenté après avoir quitté la glace.

Si la façon de jouer des Tigres est loin d’être élégante depuis quelque temps, le compte à rebours avant les séries, lui, s’écoule à vue d’œil. Pomerleau dit en être bien conscient. Il affirme que les joueurs de l’équipe surveillent attentivement le classement général du circuit. «On garde le classement à l’œil. Évidemment, on ne veut pas glisser. On veut terminer le plus haut possible. Qui sait, peut-être que nous amorcerons les séries avec l’avantage de la glace», a-t-il affirmé.

Au moment d’écrire ces lignes, tout juste avant la Classique hivernale de vendredi à Saint-Tite, les Tigres occupaient le 11e rang au classement général. Si les séries s’amorçaient aujourd’hui, ils amorceraient les éliminatoires sur la route face aux Sea Dogs de Saint John. Cinq points séparaient les félins de l’avantage de la glace.