Le bon moment pour un nouveau défi

VICTORIAVILLE. Jérôme Mésonéro s’est présenté au lutrin du Tiger Club, au Colisée Desjardins, pour la toute dernière fois à titre de directeur général de l’équipe. Après avoir passé plus de neuf ans au sein de l’organisation, il a remis sa démission au nouveau président Johnny Izzi. Il a accepté les termes d’un contrat de deux ans avec l’Avalanche du Colorado à titre de recruteur pour le territoire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Trémolos dans la voix, Mésonéro a remercié plusieurs membres de l’organisation, dont l’ex-président Éric Bernier, le gouverneur Jean Marcotte et son bon ami Martin Bibeau, qu’il considère comme étant les responsables de son arrivée avec l’équipe en 2005, à l’âge de 33 ans. «J’étais très jeune. Ils m’ont amené ici et m’ont offert tous les outils pour réussir», a-t-il lancé.

Mésonéro a aussi remercié son complice Pierre Cholette, coordonnateur du recrutement. «À mon arrivée, tous les recruteurs ont démissionné en bloc. J’ai appelé Pierre pour lui demander de l’aide. Il a accepté et il est toujours là aujourd’hui», a-t-il raconté.

L’homme de hockey de 42 ans quitte les rênes de l’équipe au bon moment, selon lui, tant pour l’organisation que sur le plan personnel. «J’ai reçu une offre que je ne pouvais refuser. Lorsque le train passe, on doit embarquer. D’ailleurs, tout le monde sait que j’aspirais à ça. Un de mes buts était de travailler dans la Ligue nationale de hockey», a-t-il expliqué.

Il a reçu cette offre de l’Avalanche vendredi soir (4 juillet) dernier. Il a rencontré Patrick Roy à Québec pendant plus de trois heures. Il s’est ensuite entretenu avec l’assistant au directeur général de l’Avalanche Craig Billington, puis le directeur du recrutement amateur Richard Pracey.

C’était la première fois de sa carrière que Mésonéro recevait une telle offre d’une formation de la Ligue nationale de hockey. «J’avais déjà eu quelques discussions informelles, mais le timing n’était pas bon et les offres était plus ou moins alléchantes», a-t-il expliqué. En fait, il a déjà reçu semblable proposition, mais à temps partiel.

Il ne pouvait cependant se permettre de refuser l’offre de Patrick Roy, à la lumière de ses propos. «C’est flatteur de voir que le grand patron prend le temps de te rencontrer et de t’expliquer sa vision à court, moyen et long terme ainsi que le rôle qu’il te confierait. Après tout, c’est la Ligue nationale! Je vais tout faire pour faire mon chemin dans la Ligue nationale. J’ai commencé à zéro. Je ne suis pas un ancien joueur. J’ai monté les marches une par une et il y en a maintenant d’autres à gravir. J’ai encore de l’ambition. Comme j’ai dit à Patrick. Je ne veux pas avoir seulement une casquette et un manteau de l’Avalanche. Je veux contribuer aux succès de l’équipe», a-t-il poursuivi.

Mésonéro admet que ce nouveau départ arrive à point. Comme l’ancien président Éric Bernier il y a deux mois, il dit avoir ressenti l’usure du temps dernièrement. «Cette semaine, je ressentais la même excitation qu’au moment où j’ai eu l’emploi avec les Tigres. Je pense que ça va me faire du bien. Je sentais l’usure du temps. Personnellement, ce sera bon pour moi de passer à autre chose. Je vais avoir plus de temps pour moi. Gérant d’une équipe junior, c’est un beau job, mais tu as 25 décisions par jour à prendre été comme hiver. Le téléphone ne lâche pas. Retourner dans l’ombre me fera un grand bien. Il y aura moins de pression. Chaque soir, après un match, tu es content ou déçu de la performance de ton équipe. Comme dépisteur, tu fais tes rapports. Un vieux de la vieille à qui j’ai parlé me disait à la blague que la seule préoccupation que j’aurai après un match de hockey, c’est l’endroit où j’irai souper. La pression n’est pas la même. Ça va me faire du bien. Je regardais des photos de moi quand je suis arrivé. Disons que je n’ai plus le même gabarit. Là, je vais retourner dans l’ombre. Je veux me refaire une santé. Tout sera parfait», a-t-il ajouté.

Fier de son bilan

Mésonéro délaisse une organisation en bonne santé, à la lumière de ses propos. Il se dit fier de «l’héritage» qu’il laisse derrière lui. «Mon successeur mettra la main sur une équipe et un département hockey en bon état. On est rendu une destination attirante pour les joueurs, peu importe leur provenance, que ce soit le Québec, les Maritimes ou l’Europe. Je suis fier de bien des choses. On va s’entendre, nous n’avons pas été bons en séries, mais lorsqu’on regarde notre feuille de route au niveau de la saison régulière, on s’est maintenu dans le premier tiers de la ligue. Le hockey junior, ce sont des cycles, mais nous, on a changé un peu notre façon de travailler avec de courts cycles de deux ans pour permettre à l’équipe d’être compétitive chaque année. Beaucoup d’autres organisations essaient de copier cette façon de faire aujourd’hui. Ça coûte tellement cher faire du hockey junior maintenant, qu’il faut être compétitif pour ne pas vider notre aréna. Je suis fier, par ailleurs, d’avoir réussi à attirer des joueurs européens de qualité. C’était l’un des points chauds lors de mon embauche. On m’a donné l’occasion d’aller en Europe chaque année pour évaluer des joueurs et entretenir nos contacts. Ce ne sont pas toutes les organisations qui croient à cela», a-t-il dit.

Il est aussi très fier que les Tigres aient servi de tremplin à d’autres hommes de hockey, comme Jacques Carrière (recruteur-chef des Screaming Eagles du Cap-Breton), Gilles Tremblay (recruteur-chef des Islanders de Charlottetown) et Kevin Cloutier (assistant au directeur général de l’Océanic de Rimouski). Le Défi mondial des moins de 17 ans figure également à son palmarès. Il est l’instigateur de la venue de cette compétition dans les Bois-Francs et à Drummondville.

«J’aurais aimé quitter l’équipe avec une bannière de champion de la coupe du Président. On fait tous du hockey pour cela, mais on n’a pas gagné. Qu’est-ce que je peux dire de plus? On avait l’impression qu’on faisait ce qu’il fallait pour y arriver. La ligne est mince en la victoire et la défaite. En 2010, on aurait pu y arriver. Saint John avait une jeune équipe. Nous étions aguerris. Nous avons perdu en demi-finale», a-t-il ajouté.

Outre cette demi-finale, les Tigres ont été éliminés six fois en première ronde et deux fois en deuxième ronde sous l’ère Mésonéro.

«La parité dans la LHJMQ est incroyable. Les hommes de hockey sont de plus en plus forts. Les organisations sont de plus en plus structurées. C’est de plus en plus compliqué. La victoire est importante, mais à quel prix? Nous avons l’impression malgré tout d’avoir amené les Tigres à un autre niveau. La nouvelle administration amènera ça encore plus haut», a-t-il lancé.