Pandémie: les couples québécois ont vécu des tensions

MONTRÉAL — Près du tiers des Québécois ont observé une augmentation des tensions au sein de leur couple ou de leur famille depuis le début de la pandémie, révèle un nouveau sondage dont les résultats ont été partagés en primeur avec La Presse Canadienne.

Ce pourcentage bondit à 40 % quand il est question de familles avec des enfants, précise l’enquête réalisée par la firme Léger pour le compte de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ).

«On le savait, les membres sur le terrain nous le disent, a commenté le président de l’Ordre, Pierre-Paul Malenfant. Puis quand on regarde notre propre vie, on sait bien qu’il y a eu des tensions, mais le sondage nous a permis de le voir très clairement. Mais je ne vous cacherai pas que le nombre est plus élevé que ce qu’on pouvait penser.»

Ce sondage permet de quantifier un phénomène dont plusieurs organismes et intervenants se sont inquiétés au fil de la pandémie, allant d’une simple hausse des accrochages entre des proches qui n’en finissent plus de se piler sur les pieds à la possibilité effarante de voir des victimes de violence conjugale être confinées avec leur agresseur.

Des facteurs comme le télétravail jumelé à la fermeture des écoles et des services de garde; la maladie qui a pu frapper des membres de la famille proche ou éloignée; l’isolement social engendré par la pandémie; et la perte d’emploi sont notamment mis en cause pour expliquer cette hausse des tensions.

«Prenons l’exemple des parents qu’on appelle la « génération sandwich », a ajouté M. Malenfant. Ils doivent s’occuper de leurs enfants, mais ils doivent aussi s’occuper de leurs parents vieillissants qui peuvent avoir des problèmes de santé.»

À cela s’ajoutent les jeunes que la pandémie a privés de leurs amis et de leurs activités, poursuit-il. «Tout a été perturbé pendant quand même une longue période. Donc nécessairement, ça va générer beaucoup de stress», a précisé M. Malenfant, qui décrit «des réactions normales dans une situation qui, elle, n’est pas normale».

Le quart des couples ou des familles qui ont finalement réalisé éprouver des difficultés sont ensuite allés chercher une aide professionnelle pour essayer de s’en sortir, habituellement après avoir accepté qu’ils n’y parviendraient pas seuls ou avec l’appui de leur entourage, indique le sondage de Léger.

La moitié des participants qui ont admis éprouver des difficultés n’ont pas fourni de réponse ou n’ont pas su quoi répondre quand on leur a demandé quel professionnel serait le plus qualifié pour les aider. Le quart de ceux qui ont répondu ont identifié un psychologue; seulement 5 % d’entre eux ont mentionné les thérapeutes conjugaux et familiaux, dont M. Malenfant défend les intérêts.

«Je compare ça aux médecins de famille et aux médecins spécialistes, a-t-il dit. Le médecin de famille va faire le travail, mais si ça prend une intervention plus spécialisée, ça peut prendre un cardiologue.»

Soixante-douze pour cent des participants à l’enquête qui ont tenté d’obtenir de l’aide disent avoir pu la trouver. Les participants dont le foyer compte quatre membres ou plus ont été les plus nombreux à chercher de l’aide quand ils ont réalisé qu’ils en avaient besoin. À l’autre bout, les foyers composés de deux personnes ont été les moins nombreux à faire de même.

Similairement, 60 % des foyers où on retrouve des enfants n’ont pas cherché d’aide quand cela a été nécessaire, contre 38 % qui ont levé la main. Plus de 8 foyers sur 10 qui ne comptent pas d’enfants ont tenté de se débrouiller seuls.

Le sondage a été réalisé par la firme Léger auprès de 1051 Québécois entre le 14 et le 18 avril 2022. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1051 répondants est de plus ou moins 3 %, et ce, 19 fois sur 20.