Guidé par son instinct

HOCKEY. Pas facile pour un directeur général de prendre des risques. L’échec, bien souvent, ne pardonne pas dans le monde du hockey junior. Il est difficile d’obtenir une seconde chance lorsque cela se produit. C’est pour cette raison que plusieurs, particulièrement les recrues, adoptent une approche davantage conservatrice et mesurent rigoureusement le risque.

Kevin Cloutier en est certes à sa première expérience comme directeur général d’une formation du circuit Courteau, mais il semble ne pas craindre les paris osés.

Interrogé à ce sujet, il a dit fier d’abord et avant tout à son flair. Le nouveau directeur général des Tigres se laisse guider par son instinct.

Son intuition l’a poussé à réaliser sa première transaction importante, lundi dernier. Cloutier a eu un véritable coup de cœur pour le défenseur de 18 ans Jérémie Beaudin lorsqu’il secondait Serge Beausoleil à la barre de l’Océanic de Rimouski. Le directeur général des Félins n’a donc pas hésité à payer le prix pour l’obtenir. Il a cédé un choix de premier tour en 2017 ainsi qu’un autre de troisième ronde en 2018.

Beausoleil, devant cet appât alléchant, n’a pu s’empêcher de mordre à l’hameçon, mettant en banque un troisième choix de premier tour d’une cuvée que plusieurs experts considèrent déjà d’exceptionnelle. L’Océanic ne prévoyait initialement pas se départir des services de son polyvalent défenseur, reconnu pour son flair offensif. Cloutier y est cependant allé d’une offre hostile, osant prendre un certain risque.

Seul le temps dira si les Tigres ont fait une bonne affaire. Pour Cloutier, cependant, nul doute dans son esprit qu’il a acquis un véritable diamant brut. On le sentait fier de son coup, en entrevue, quelques minutes après l’annonce de la transaction.

Beaudin, de son côté, a eu une vive surprise lorsque Beausoleil l’a convoqué dans son bureau pour lui annoncer qu’il devait faire ses valises. Le défenseur était convaincu qu’il figurait avantageusement dans les plans de l’équipe. Il n’a pas vu venir le coup.

«Ça ne semblait pas vraiment dans les plans de m’échanger. Serge a cependant dû se dire qu’en raison de la profondeur de l’équipe en défensive, il ne se mettait pas trop dans le pétrin en m’échangeant», a-t-il analysé.

Beaudin s’est dit heureux d’aboutir dans les Bois-Francs. Il pourra, croit-il, mettre en valeur ses forces et poursuivre son développement en campant un rôle important.

Défenseur polyvalent ayant un goût prononcé pour l’attaque, Beaudin n’a d’ailleurs pas toujours occupé le rôle qu’il souhaitait dans le passé. Il avait même exigé une transaction au directeur général et entraîneur-chef des Screaming Eagles du Cap-Breton l’an dernier, cadrant plus ou moins bien avec le style de jeu préconisé par la formation de l’Atlantique.

«J’ai été content d’avoir été repêché par les Screaming Eagles et de jouer là-bas», souligne-t-il. Le courant passait plutôt mal avec son entraîneur. À 16 ans, il n’avait pas vu beaucoup d’action également.

«Jouer à 16 ans dans la LHJMQ n’est pas facile. Ça permet néanmoins de gagner en maturité et en expérience dans un niveau de jeu relevé. Retourner au niveau midget AAA n’aurait pas non plus été une mauvaise chose. J’aurais vu plus d’action. Chaque parcours est différent et apporte ses avantages ainsi que ses inconvénients», a-t-il souligné.

Acquis par l’Océanic durant la pause des fêtes l’an dernier en retour de Michaël Joly, Beaudin a connu un progression constante dans le bas du fleuve. «Dès que je suis arrivé là-bas, je n’ai jamais cessé de progresser. J’amorçais les matchs au sein du troisième duo défensif. Je les terminais parfois sur le premier», a-t-il poursuivi.

Il a terminé la saison en force, Kevin Cloutier étant particulièrement impressionné par son jeu durant les séries.

Avec les Tigres, le défenseur sera en terrain connu. Danyck Calgaro est son grand ami. Il connaît aussi Guillaume Beck, Jacob Lapierre et Maxime Comtois, notamment. Il est également emballé par la qualité de l’alignement. «C’est très positif. On devrait connaître une belle saison. L’équipe a un bel avenir devant elle», lance-t-il.

Beaudin, de surcroit, connaît déjà quelque peu son nouveau pilote, Louis Robitaille. Celui-ci a été son entraîneur durant le camp d’entraînement de l’équipe des moins de 16 ans. Le défenseur n’est pas parvenu à se tailler un poste, mais dit avoir apprécié son expérience.

Comme bien des hockeyeurs de son âge, Beaudin rêve à la Ligue nationale de hockey, mais il dit se concentrer davantage sur le succès de l’équipe. «On veut d’abord gagner», lance le volubile arrière.

Choix de deuxième tour des Eagles, Beaudin espérait être réclamé plus tôt en 2014. Une saison quelque peu décevante au niveau midget AAA l’a fait glisser de quelques rangs. Cet épisode est loin derrière lui. Il se sent prêt désormais à camper un rôle important dans la LHJMQ.