Lettre à Jean Tremblay

À la suite du jugement de la Cour suprême vous interdisant la prière avant les réunions du conseil municipal, il est utile de vous rappeler ce vœu de l’apôtre Paul : «Que l’Esprit Saint suscite votre prière sous toutes ses formes» (Éphésiens 6,18).

Paul n’a donc privilégié aucune forme de prière, alors que pour vous il n’y en avait qu’une : la prière à haute voix. Vous auriez pu accepter de prier en silence, comme tant de personnes de tous les horizons religieux vous l’avaient demandé. Ce fut en vain, car vous jugiez que cette pratique contrevenait à votre mission d’annoncer le Christ.

Espérons que vous demanderez à l’Esprit, avec l’ardeur et le courage qu’on vous connaît, de vous donner des idées neuves, de vous inspirer pour vous remettre en route vers d’autres manières d’exprimer publiquement votre foi.

Avec ce jugement de la Cour suprême, le Québec fait un autre petit pas vers un État qui ne soit d’aucune religion sans être pour autant indifférent à la religion. Car, qu’on le veuille ou non, l’existence de la religion ne saurait être le fait d’un accommodement raisonnable : elle fait intrinsèquement partie de notre société.

Non seulement l’État québécois ne doit pas fermer les portes à la religion, il doit les garder grand ouvertes, mais à la condition que celle-ci entre humblement par la porte des services, comme ceux qui vous sont familiers.

Je me permets de vous rappeler que les contrariétés, telles que celle que vous inflige le jugement de la Cour suprême, nous aide à progresser dans la foi.

Heureuse suite, Jean.

Gérard Marier

Prêtre