Stéphanie Beaudoin passera les week-ends en prison

JUSTICE.Un an et demi après son arrestation, la Victoriavilloise Stéphanie Beaudoin, 22 ans, surnommée la voleuse sexy par les médias, a connu, lundi après-midi, le sort que lui réservait la justice, notamment une peine de prison discontinue.

Le Tribunal l’a condamnée à purger, dès le 20 février, 90 jours discontinus de prison, dès 9 h le samedi jusqu’à 17 h le dimanche.

«C’est une peine appropriée dans les circonstances, une peine qui atteint les objectifs de dissuasion et de dénonciation. Elle peut satisfaire les fins de la justice», a indiqué le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec.

Le magistrat lui a aussi imposé une période de probation de 30 mois avec un suivi de 24 mois. Elle devra participer à tout suivi psychologique, thérapeutique ou autre jugé nécessaire par l’agent de surveillance, en plus de poursuivre son suivi médical et se soumettre aux recommandations de son médecin.

Comme geste réparateur, Stéphanie Beaudoin devra accomplir 200 heures de services communautaires dans un délai de 24 mois.

Le juge Langelier lui impose aussi une interdiction toute particulière, celle de ne pas souscrire à un contrat ou une entente pour vendre, publiciser ou utiliser son image dans le but d’exploiter ses démêlés judiciaires afin de retirer un bénéfice monétaire.

«Je crois que, dans les circonstances, cette mesure est appropriée, même si certains peuvent penser que cela va à l’encontre de la liberté d’expression», a souligné le magistrat.

Le président du Tribunal a considéré également l’aspect dédommagement envers deux victimes en particulier. Ainsi, Stéphanie Beaudoin devra verser 3000 $ à l’une et 2000 $ à l’autre pour des pertes alléguées respectives de 7400 $ et de 3700 $.

La décision

Pendant environ une heure, le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a expliqué sa décision, rappelant dès le départ que l’accusée avait reconnu notamment sa culpabilité, le 9 décembre 2014, à 39 accusations d’introduction par effraction avec vol dans des résidences ou dans l’intention de commettre un vol.

Des délits qui se sont échelonnés entre le 21 juin et le 5 août 2014, parfois avec l’aide de complices, trois adolescents de 11, 13 et 17 ans.

Le juge Langelier a rappelé les regrets et remords exprimés par la jeune femme lors des représentations sur la peine.

Il a aussi fait état de la fragilité de sa personnalité, de ses désordres psychologiques, de son trouble de personnalité limite.

Le juge appuie sa décision en considérant, comme facteurs aggravants, la gravité des délits et leur nombre. Une introduction par effraction dans une résidence est passible, a-t-il noté, de la prison à perpétuité,

La valeur des biens dérobés (environ 80 000 $), la participation aux délits avec des mineurs, l’anxiété et la crainte suscitées chez les victimes et un certain risque de récidive si aucune démarche thérapeutique n’est suivie, constituent aussi, dans l’esprit du Tribunal, des facteurs aggravants.

Le magistrat a, bien sûr, tenu compte, comme facteurs atténuants, du jeune âge de l’accusée, de l’absence d’antécédent judiciaire, de son plaidoyer de culpabilité, de son entière collaboration avec la police, des remords exprimés et du respect des conditions sévères de remise en liberté.

Le juge a souligné également son manque de maturité et sa condition de santé, sa personnalité fragile. Et il a inclus dans ces facteurs atténuants, la grande médiatisation de cette affaire. «Elle affirme avoir été très affectée par la couverture médiatique et par l’utilisation des photos de son compte Facebook», a-t-il signalé.

En analysant toutes les circonstances, le magistrat a conclu qu’une peine d’emprisonnement s’imposait, mais qu’il lui fallait aussi considérer l’état de santé mentale de l’accusée et de son immaturité au moment du passage à l’acte. De plus, selon lui, une longue peine de détention ne servirait pas mieux les intérêts de la société.

Le juge Langelier a reconnu les diverses démarches thérapeutiques entreprises par Stéphanie Beaudoin. «Son cheminement pave bien la voie à une réhabilitation», a-t-il souligné.

Une fois l’audience terminée, Stéphanie Beaudoin a préféré ne pas s’adresser aux journalistes.