18 mois d’emprisonnement réclamés pour Stéphanie Beaudoin

VICTORIAVILLE. Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Anthony Cotnoir, a réclamé, mardi après-midi, une peine ferme d’emprisonnement de 18 mois pour la Victoriavilloise Stéphanie Beaudoin, cette jeune femme de 22 ans que les médias ont surnommée «la voleuse sexy».

Le représentant de la poursuite a rappelé que Stéphanie Beaudoin a reconnu sa culpabilité à 29 introductions par effraction et vol dans des résidences, 10 introductions par effraction avec l’intention de voler, une introduction par effraction pour dérober des armes, des infractions passibles de l’emprisonnement à perpétuité.

Elle a aussi plaidé coupable à des accusations de possession d’armes non autorisées, de complot et de possession d’outils de cambriolage.

Le procureur du ministère public a souligné la gravité des crimes, le nombre d’infractions survenues, à l’été 2014, sur une période de 40 ou 45 jours et sur un grand territoire (MRC d’Arthabaska, de L’Érable et des Appalaches).

«On ne doit pas oublier l’implication de trois mineurs de 11, 13 et 17 ans et l’impact sur les victimes. Il y a eu des conséquences psychologiques et sociales graves. Les conséquences sont sérieuses et profondes», a fait valoir Me Cotnoir devant le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec.

Le représentant du ministère public a évoqué aussi les rapports psychologique et présentenciel, notant, a-t-il dit, l’impulsivité et l’instabilité de l’accusée qui tend à minimiser sa responsabilité.

«Elle se contredit aussi. Lors d’une rencontre, elle mentionne avoir volé pour l’adrénaline et les sensations fortes. Puis, à l’occasion d’une autre rencontre, elle indique l’avoir fait pour l’argent», a souligné Me Cotnoir.

Les spécialistes, selon lui, estiment que Stéphanie Beaudoin a une vision très égocentrique de ses actes. «En aucun moment, elle n’a pris conscience de l’impact sur les victimes. Ses regrets, a-t-il soutenu, sont nouveaux d’aujourd’hui. On ne les lit pas dans les rapports.»

Pour Me Anthony Cotnoir, qui a déposé deux décisions pour soutenir sa demande, a réclamé une peine de 18 mois d’emprisonnement. «Une peine ferme s’impose pour rencontrer les critères de dissuasion et de dénonciation afin de décourager quiconque de commettre pareilles infractions. C’est la seule peine qui s’impose pour que passe le message clair à l’effet qu’un domicile est inviolable», a-t-il signalé.

La défense veut éviter la détention

Pour Me Denis Lavigne, l’avocat de Stéphanie Beaudoin, le Tribunal devrait privilégier une peine autre que la privation de liberté, et mettre l’accent sur la réhabilitation qui est «amplement engagée».

Il a rappelé que la jeune femme avait collaboré entièrement avec les policiers, qu’elle pensait tous les jours aux troubles causés aux victimes. «Elle en éprouve des regrets et beaucoup de honte», a-t-il dit. «Mais elle aussi subit des conséquences. Ses chances de devenir infirmière ont été anéanties.»

De plus, «l’explosion de la médiatisation» a eu un impact. «On a utilisé des qualificatifs peu honorables et dégradants comme «voleuse sexy». Le Figaro a même écrit : «Tu es très belle, viens voler chez nous». Elle dit qu’elle en souffre beaucoup», a fait savoir Me Lavigne

C’est un trouble de personnalité limite, selon lui, qui est à l’origine des délits commis par sa cliente. «Les circonstances du passage à l’acte sont situationnelles et ne proviennent pas d’une personnalité criminalisée. Les délits découlent d’un sérieux problème psychologique», a indiqué Me Lavigne,

La jeune femme, a-t-il expliqué au magistrat, a vécu une «très grande misère humaine», des événements difficiles dans son enfance et à la préadolescence.

L’avocat de la défense a soulevé le principe de l’individualisation de la peine, estimant que le problème psychologique dont souffre sa cliente devait peser lourd dans la balance. «Ici, les critères de dénonciation et de dissuasion ne doivent pas primer sur la réhabilitation», a-t-il confié.

Me Lavigne estime que Stéphanie Beaudoin pourrait ainsi bénéficier d’un sursis de sentence, à savoir une période de probation de trois ans avec un suivi et des démarches thérapeutiques pour évacuer toutes les difficultés vécues durant l’enfance.

Devant le juge, l’avocat a aussi indiqué que sa cliente serait en mesure d’exercer des services communautaires.

Une fois terminées les plaidoiries, le juge Bruno Langelier a expliqué à Stéphanie Beaudoin que l’imposition d’une peine constitue une tâche complexe, difficile pour un magistrat. «Je devrai tenir compte de l’ensemble des considérations, des facteurs aggravants et atténuants, des critères de dissuasion, de dénonciation, des principes d’harmonisation et d’individualisation de la peine en plus d’envisager la réhabilitation», a-t-il souligné.

On connaîtra donc le fruit de sa réflexion le vendredi 16 octobre.