Réal Courtemanche déclaré délinquant dangereux

VICTORIAVILLE. Au palais de justice de Victoriaville, mercredi midi, le juge Jacques Trudel de la Cour du Québec a déclaré le Princevillois Réal Courtemanche délinquant dangereux et l’a condamné à purger une peine de pénitencier d’une durée indéterminée.

Le juge Trudel, le 28 mars 2014, avait trouvé l’homme de 53 ans coupable d’enlèvement, de voies de fait armées, de menaces de mort et de lésions corporelles, de déguisement et de port d’arme en vue de commettre une infraction.

En soirée, le 30 juin 2011, Courtemanche avait pris place sur le siège arrière du véhicule de la victime, une femme âgée de 27 ans lors des événements et qui avait fait une halte à un dépanneur de Princeville.

À la pointe du couteau, le malfaiteur avait menacé de tuer si elle ne lui obéissait pas. Il lui a ordonné de se rendre derrière une entreprise du parc industriel de Plessisville où, à un certain moment, la victime a réussi à se défaire de l’emprise de l’homme pour obtenir l’aide du chef pompier qui passait dans le secteur.

La décision

Dans sa décision de 29 pages, le juge Trudel rappelle notamment l’historique judiciaire de l’accusé condamné, depuis 1981, pour 89 infractions criminelles.

Depuis 1987, Courtemanche s’est livré quatre fois à des voies de fait simples, commettant aussi cinq vols qualifiés armés. «On retrouve dans l’historique de l’accusé depuis 1991, cinq épisodes de crimes violents contre la personne comportant neuf infractions graves», a souligné aussi le magistrat tout en notant que «ni l’âge, le passage du temps, l’accumulation des sanctions et des termes de prison, des mesures d’encadrement ou de surveillance n’ont amené l’accusé à modifier son comportement criminel souvent violent et impulsif avant autrui».

Les experts, a aussi fait valoir le juge, ont noté la criminalité chronique de l’accusé. «Le Tribunal conclut que la perpétration d’infractions avec violence par leur répétition et leurs circonstances révèle un comportement pathologiquement irréductible du fait, notamment, qu’il est alimenté et inhibé par un grave problème de toxicomanie, ce que tous les évaluateurs depuis 1987 ont identifié comme étant une cause importante de la criminalité de l’accusé… qui n’a véritablement rien accompli de concret concernant cette problématique», a souligné le juge Trudel.

«Comment ne pas conclure, a-t-il poursuivi, devant cette preuve de répétition d’actes violents au fil des années, malgré les peines, malgré les incitations à modifier son comportement que l’accusé constitue et constituera, remis en liberté, un danger pour la vie, la sécurité, le bien-être physique et mental de qui que ce soit? Après tant d’années de peines de prison, de sanctions de toute nature, d’interventions d’experts en réinsertion sociale sans succès, sans progrès, force est de conclure que l’accusé est incapable de contrôler son agir violent, comme l’ensemble de son agir criminel.»

La preuve, bref, a su convaincre le Tribunal que Courtemance «est et sera indifférent aux conséquences de ses gestes pour les victimes…» en plus de convaincre hors de tout doute raisonnable que «l’accusé constitue et constituera un danger». Ainsi, le Tribunal l’a déclaré délinquant dangereux.

Le juge Trudel a aussi conclu que «seule une peine d’incarcération à durée indéterminée permettra d’assurer une protection adéquate du public contre la possibilité que l’accusé récidive par la perpétration de crimes comportant des sévices graves à la personne».

La victime a accueilli avec soulagement et dans les larmes la décision du magistrat.

Une mesure d’exception

Le fait de déclarer un individu délinquant dangereux demeure une mesure d’exception, a rappelé la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince, à la sortie de la salle d’audience.

«Il s’agit d’un régime d’exception dans lequel on estime qu’il n’y a pas d’autres mesures pour protéger la société. Le juge a considéré, ici, le risque élevé en matière de violence. Le Tribunal a conclu que M. Courtemanche n’est pas un individu pouvant être maîtrisé en société. Le psychiatre, qui a longuement témoigné, a fait part d’un sombre pronostic de réhabilitation. Donc, la peine applicable était celle d’un délinquant dangereux à durée indéterminée», a fait valoir la représentante du ministère public précisant que Réal Courtemance sera incarcéré pour les sept prochaines années, après quoi son cas fera l’objet d’une révision tous les deux ans.