Un homme fait vivre un moment d’enfer à une policière de la SQ de L’Érable

VICTORIAVILLE. À Notre-Dame-de-Lourdes, un individu de 46 ans, Florent Turgeon, a fait vivre des minutes d’enfer à une policière de la Sûreté du Québec qu’il a tenté de désarmer. Turgeon a reconnu sa culpabilité, lundi, au palais de justice de Victoriaville. Le juge Bruno Langelier, entérinant une suggestion commune, l’a condamné à 24 mois de pénitencier.

L’affaire remonte au 17 mars dernier. Le résident de Notre-Dame-de-Lourdes faisait face à plusieurs mandats d’arrestation que les policiers tentaient d’exécuter.

«Les policiers avaient contacté l’individu, lui mentionnant qu’il pouvait se rendre au poste de police. Mais l’homme s’est montré peu collaborateur et il a fait savoir aux policiers qu’il ne se laisserait pas faire s’ils se présentaient chez lui», a indiqué le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Éric Thériault, en relatant les faits au juge Langelier.

Le 17 mars, donc, trois voitures de la SQ se présentent au domicile de Turgeon pour procéder à son arrestation.

Alors que l’individu tente de se sauver par une porte arrière surveillée par une policière, celle-ci lui dit qu’il se trouve en état d’arrestation. «Mais l’homme refuse de se rendre. La policière tente d’appeler des renforts avec sa radio, mais elle n’est pas sur le bon canal. L’individu saute sur la policière, la jette au sol. La policière se retrouve sur le dos, le suspect par-dessus elle. Il lui met un bras sur la tête et avec l’autre bras, il tente en vain de la désarmer», a raconté Me Thériault.

«L’agente a vraiment eu peur. Elle lui disait : je ne veux pas te faire mal, je veux juste t’arrêter», a poursuivi le représentant du ministère public.

Florent Turgeon, par la suite, a tenté de se sauver à la course derrière l’immeuble à logement, s’emparant en chemin d’un bâton de bois.

Plusieurs policiers, finalement, se sont lancés à ses trousses. «L’individu ne voulait pas se rendre. Il menaçait les policiers avec son bâton. Mais, en présence de sept ou huit agents, il a finalement vu que le jeu était terminé. Il s’est rendu», a précisé le représentant de la poursuite.

«Je la tirais et je me tirais… »

Durant son transport vers le poste de police, Florent Turgeon aurait fait savoir la réelle difficulté de désarmer un policier.

«Et quand on lui a demandé ce qu’il aurait fait s’il avait réussi, il a répondu: je la tirais et je me tirais par la suite», a fait savoir Me Thériault.

Coupable

Lundi après-midi, Florent Turgeon a plaidé coupable à des accusations de voies de fait sur une policière, d’avoir pris ou tenté de prendre l’arme d’une policière, de voies de fait avec une arme (le bâton) envers quatre policiers et de bris d’une promesse, celle de garder la paix et d’observer une bonne conduite.

Dans un autre dossier, il a reconnu sa culpabilité à une accusation de bris de probation en omettant de verser 300 $ à deux organismes, de vol d’un téléphone sans fil, de prise d’un véhicule sans autorisation et de bris de promesse.

Les deux parties, la défense et le ministère public, ont proposé au président du Tribunal une suggestion commune de 24 mois de pénitencier pour les accusations principales de voies de fait sur la policière et d’avoir tenté de la désarmer.

«Il s’agit d’une infraction extrêmement grave de tenter de désarmer un policier. On a peut-être évité le pire», a fait valoir Me Éric Thériault tout en rappelant les antécédents de l’individu qui a déjà, dans le passé, purgé une peine de 90 jours de détention pour vol et qui, récemment, a écopé de 23 mois et demi d’emprisonnement pour production de stupéfiants.

«La peine proposée reflète la gravité de l’infraction. Il est inacceptable de tenter de désarmer une policière», a souligné le procureur.

Le juge Bruno Langelier a qualifié l’événement de sérieux. «De telles situations montrent que les policiers ne sont pas à l’abri d’erreur technique. La policière s’est retrouvée laissée à elle-même dans une situation très pénible, incapable de communiquer. La présente peine, en l’absence de remords de l’accusé, doit être axée sur les critères de dénonciation et de dissuasion», a exprimé le magistrat, précisant que la peine soumise lui apparaissait tout à fait raisonnable.

En plus de la peine de pénitencier imposée, Turgeon s’est vu imposer une interdiction à vie de posséder des armes. Il devra aussi se soumettre à un prélèvement d’ADN.