Des installations sonores intrigantes et invitantes

VICTORIAVILLE. Pour une sixième année consécutive, le FIMAV propose, dans sa programmation, des installations sonores dans l’environnement du parc Sainte-Victoire. C’est l’occasion de découvrir des créations intrigantes, mais aussi invitantes.

Le circuit propose cette année sept arrêts afin d’apprécier des œuvres musicales qui viennent s’intégrer à l’environnement. Les artistes ont opté, en grande majorité, pour des objets de la vie courante avec lesquels ils sont parvenus à créer une poésie musicale. Le commissaire aux installations, Érick D’Orion, a expliqué que l’équipe prenait de l’expérience en la matière. «Cette année, on remarque aussi moins de complexité technique», a-t-il souligné.

Il faut dire qu’il n’est pas nécessairement évident de trouver des artistes prêts à venir installer leurs œuvres pour le FIMAV. Le fait que quatre d’entre elles soient installées à l’extérieur, faisant face aux intempéries, peut en décourager certains. Aussi, ces installations sonores sont destinées, en majorité, à un grand public qui n’est pas nécessairement habitué à ce genre artistique.

Érick a donc opté pour des œuvres simples qui captent rapidement l’attention des passants. «Il faut des installations accessibles, ajoute-t-il, et solides lorsqu’elles sont installées à l’extérieur.»

Pour le commissaire, le rêve serait d’approcher les artistes une ou deux années à l’avance et leur attitrer un endroit spécifique. Ainsi, l’œuvre serait réalisée spécifiquement pour le lieu. Déjà cette année, deux installations ont été faites de cette façon. Il y a 124 portes de chars de Sarah L’Hérault et Duramen de Martin Bédard et Georges Forget qui répondent à ces critères.

Les installations sonores ont été montées sous la pluie dimanche dernier, et il a fallu attendre mercredi matin avant que le beau temps soit de la partie. À ce moment, les groupes d’élèves ont commencé leur visite du circuit, appréciant chaque œuvre expliquée par des bénévoles chevronnés. En tout, 31 groupes scolaires ont réservé une visite (le même nombre que l’an dernier) et on espère 12 000 visiteurs, tout comme en 2014.

Une visite du circuit

Les passants seront peut-être attirés par les portières de voitures, installées tout près de la piste cyclable. Il s’agit de l’œuvre de Sarah L’Hérault présentée en première mondiale et intitulée 124 portes de chars. Il s’agit en fait de huit portières de vieilles voitures installées aux abords de la piste, qui émettent toutes un son différent. Ça peut être un bruit de déverrouillage, un klaxon, un démarreur, bref des sons reliés aux véhicules automobiles. Le tout présenté dans un ordre qui en fait une joyeuse mélodie. «C’est un peu la porte d’entrée des installations sonores», dit Érick en souriant.

Les visiteurs voudront peut-être poursuivre le circuit dans la salle d’exposition de la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot qui accueille l’œuvre de Mark Lowe intitulée Singularity. Il s’agit d’une vidéo sonore un peu hypnotique qui présente un double vortex. Dans le noir presque total, une vidéo propose un premier vortex, créé par le retrait d’un bouchon dans une baignoire pleine d’eau. Une trame sonore, diffusée par des bandes magnétiques, vient ajouter à l’ambiance qui invite à la réflexion.

Du côté de l’agora (derrière la bibliothèque), Duramen intrigue les passants. L’œuvre, composée par Martin Bédard et Georges Forget, n’est que sonore. Rien à voir. Il ne faut que s’installer au milieu de l’agora et se laisser entourer par la composition des deux musiciens. Les haut-parleurs ont été cachés dans la haie qui donne un effet «surround». «C’est du cinéma pour les oreilles, une allégorie du bois et des arbres», ajoute le commissaire. D’où le nom de l’œuvre «duramen» qui est la partie interne de l’arbre. Une installation sonore électro-acoustique enveloppante qu’il faut expérimenter sans faute.

Le kiosque à musique, de son côté, propose Composition en V+ de Nataliya Petkova. Il s’agit de deux pianos, les tables d’harmonie plus précisément, réduits à leur plus simple expression. Avec des moteurs, les cordes présentent des sons et une discrète mélodie.

Derrière la Vélogare, c’est l’installation d’Alexis Bellavance qui attire l’attention. Elle est formée de trois petites piscines munies chacune d’un haut-parleur et d’un miroir. Le visiteur pourra donc entendre ce trio inhabituel où l’eau vient aussi amplifier les sons de grenouilles et d’eau. L’œuvre s’intitule simplement Fenêtres puisque le miroir vient refléter le ciel comme s’il s’agissait d’une fenêtre.

Dans la Vélogare, c’est Patrick St-Denis qui a installé Pentafold. Une joyeuse œuvre formée de cinq accordéons (tous identiques) et qui viennent former un chœur robotisé. Un élaboré système informatique permet de présenter une pièce puis des pauses ou les accordéons soupirent en même temps avant de reprendre le boulot et animer les amateurs.

Finalement, il ne faut pas manquer la saveur locale des installations sonores, du côté du Centre Emmaüs. Présentée en première mondiale et en collaboration avec le Grave, l’installation du Chestervillois Danys Levasseur impressionne. Avec ses cinq sculptures sonores qui offrent une pièce musicale d’une quinzaine de minutes. «Danys a mis quatre années de travail avant de présenter sa première installation et sa composition Réserve phonique», explique Érick D’Orion.

Les installations sonores peuvent être visitées jusqu’à dimanche (17 mai) de 10 h à 20 h.