Le dernier rêve professionnel de Francine Langlois

PHILANTHROPIE. Malgré le cancer et le sombre pronostic de deux ans qui lui pend au-dessus de la tête comme une épée de Damoclès, Francine Langlois n’a rien perdu de sa vitalité, de sa verve, de son enthousiasme pour le Carrefour d’entraide bénévole qu’elle dirige depuis 18 ans. «J’ai trop d’ouvrage pour mourir!», a-t-elle déclaré.

Si elle n’était pas présente, comme à l’habitude, pour le lancement de la Semaine nationale des bénévoles la semaine dernière, elle l’était… et toute là comme on dit, pour le lancement, mardi matin, de la campagne de financement visant à munir le 40, rue Alice d’un ascenseur.

Et le projet est d’envergure puisqu’il en coûtera autour de 460 000 $ pour réaliser le projet afin de rendre accessible le bâtiment tant aux bénévoles et aux aînés qui fréquentent le Carrefour qu’aux clientèles des organismes locataires comme la Société Alzheimer, l’Association des proches aidants et, en juillet, la FADOQ Centre-du-Québec qui y emménagera.

On veut, sous le même toit, offrir services, activités, formations et informations aux aînés, aux personnes à mobilité réduite, aux personnes handicapées et aux bénévoles. Ses trois étages étant accessibles à tous, le 40, rue Alice deviendra alors la Maison des bénévoles et des aînés.

Francine Langlois vit d’espoir. Tant pour elle : «Je vais prendre un cinq ans!», aurait-elle dit à son doc. Elle l’est aussi pour ce qui concerne les résultats de la campagne de financement.

Pour mener la sollicitation, elle a fait appel à Lionel Fréchette, préfet de la MRC d’Arthabaska et maire de Sainte-Hélène-de-Chester et à Alain St-Pierre, préfet suppléant et maire de Saint-Albert, deux «hommes d’exception» comme elle les a désignés, le premier ardent défenseur des aînés, le second, inconditionnel ambassadeur du bénévolat.

Les deux maires ont dit qu’ils avaient accepté, sans hésiter, de s’engager dans cette cause, qu’il s’agissait d’une exception eux qui pourraient présider bien d’autres campagnes. Ils le font pour la double cause des aînés et des bénévoles. Mais aussi pour l’aspect «émotif» de ce projet, le dernier projet professionnel de Francine Langlois qui travaille au Carrefour depuis 33 ans. La campagne s’intitule Entrai’don le Carrefour avec l’exergue «Le rêve d’une vie!».

«Elle a du courage… et du gaz!», s’est exclamé M. Fréchette, alors que M. St-Pierre a souhaité qu’elle déjoue les pronostics et que dans 10,15 ou 20 ans, on parlera d’autre chose en sa compagnie.

125 000 $ «minimum»

Les deux maires visent amasser 125 000 $ en trois mois. «Minimum!», a souligné Alain St-Pierre.

Francine Langlois a plus d’ambition, souhaitant amasser 325 000 $ ce qui éviterait au Carrefour de contracter une hypothèque. Elle croit que cet objectif est atteignable. «Parce que je pense que la population reconnaît ses aînés. Dans 50 ans, euh quand je regarde ici devant moi, dans 25 ans, c’est nous qui aurons besoin de services», a-t-elle dit, faisant sourire son auditoire.

Elle a rappelé que le Carrefour offrait ses services à un millier d’aînés dispersés sur l’ensemble du territoire de la MRC, ce qui a fait dire à MM. Fréchette et St-Pierre qu’ils seraient partout sur le territoire pour recueillir les dons.

Le Carrefour dispose déjà d’une enveloppe de 135 000 $ ayant bénéficié d’une succession de biens dont la vente lui a rapporté 60 000 $ et d’une subvention fédérale de 50 000 $.

Si la campagne ne rapportait que les 125 000 $ de l’objectif des présidents d’honneur, le Carrefour devrait alors contracter une hypothèque de 200 000 $. Ce que ne souhaite pas Mme Langlois, craignant une pression sur les services.

Le 40, rue Alice que le Carrefour a acquis en 2001, grâce à une campagne de financement justement, est libre d’hypothèque.

Fin de l’été

La directrice générale qui, malgré ses traitements, continue de rester présente et de donner un coup de main au Carrefour  – souvent à distance – compte bien être la «première à faire uneride d’ascenseur».

Les travaux devraient être terminés à la fin de l’été. L’imminent chantier a déjà fait disparaître les deux gros érables argentés qui se trouvaient à la devanture du bâtiment. L’un était situé à proximité de la future structure, l’autre était malade et aurait gêné le chantier.