Les organismes communautaires pressent Philippe Couillard d’agir en bon père de famille

FINANCEMENT. La Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux du Centre-du-Québec (TROC CQM) interpelle directement le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le presse d’agir en faveur des personnes les plus vulnérables.

Les organismes communautaires réclament une reconnaissance de l’action communautaire et le rehaussement de leur financement.

En conférence de presse, jeudi matin à Victoriaville, le coordonnateur de la TROC CQM, Renaud Beaudry, accompagné de représentantes de plusieurs organismes communautaires, a indiqué que les groupes communautaires fondaient de grands espoirs dans le prochain budget provincial attendu quelque part en mars ou en avril.

«Le premier ministre a confié à plusieurs reprises qu’il gouverne le Québec, ses finances et ses programmes comme un bon père de famille. On lui demande justement d’agir en bon père de famille et de prendre soin des personnes les plus vulnérables. Nous lui demandons de passer de la parole aux actes», a confié M. Beaudry.

Et les groupes communautaires, pour bien se faire comprendre, afficheront un panneau sur le boulevard Charest à Québec et portant la mention «Un bon père de famille doit prendre soin des vulnérables».

«D’autres publicités et affichages seront effectués jusqu’au dévoilement du budget du Québec», a précisé le coordonnateur de la TROC CQM.

Renaud Beaudry a indiqué que la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois, devait sous peu rencontrer des groupes de la région. «On l’attend avec joie et on lui prépare un affichage spécial», a précisé M. Beaudry.

Insensibilité gouvernementale

La TROC CQM qualifie d’inacceptables les propos qu’a tenus la ministre Charlebois au début de décembre en rencontrant des représentants nationaux.

«Elle a tenu des paroles malheureuses en refusant de reconnaître le sous-financement. Selon elle, il faudrait plutôt se réjouir de ne pas subir des compressions budgétaires. Et comble de l’insulte, la ministre estime qu’il faudrait qu’on se trouve chanceux de recevoir une indexation de nos subventions», a fait valoir Renaud Beaudry. «Nous comprenons que nous n’avons pas de ministre sensible aux besoins des personnes parmi les plus vulnérables de la société», a-t-il ajouté.

Les groupes communautaires disposent de «budgets faméliques» qui répondent à peine aux besoins. «Les gens qui fréquentent les groupes communautaires le font parce qu’ils éprouvent des besoins importants. Les gens en ont besoin pour être nourris, hébergés, pour recevoir du soutien. On demande au gouvernement de reconnaître le mouvement communautaire à sa juste valeur», a plaidé M. Beaudry

Non à l’austérité

Au nom des sept centres de femmes du Centre-du-Québec et de la Mauricie, la coordonnatrice de la Maison des femmes des Bois-Francs, Suzanne Labrie, a revendiqué «haut et fort», avec les autres partenaires du milieu communautaire, l’augmentation du financement de base à leur mission. «Nous dénonçons les politiques et les mesures d’austérité qui creusent les inégalités sociales, qui démantèlent le tissu social et fragilisent l’autonomie et la sécurité économique, particulièrement celles des femmes», a-t-elle confié.

Les organismes ont de quoi s’inquiéter de ce contexte d’austérité. «Plus les besoins de la population augmentent, plus les groupes sont sollicités, sans pour autant voir leur financement rehaussé, les empêchant de remplir pleinement leur mission», a-t-elle fait valoir, ajoutant que le contexte d’austérité «nuit, voire empêche, la réalisation des droits sociaux et économiques et met en péril l’atteinte de l’égalité».

Les femmes, a-t-elle souligné, sont les premières touchées par les mesures d’austérité du gouvernement. «Ces mesures mettent en péril leurs conditions de vie et de travail. L’austérité, bref, n’est pas neutre. Les transformations de l’État et de la société se font au détriment des plus vulnérables, majoritairement des femmes», a-t-elle conclu.

Aucun résultat

La TROC CQM déplore que toutes les actions entreprises, à ce jour, n’ont généré aucun résultat.

Et les gestes ont été nombreux. En 11 mois, on dénombre 19 manifestations, dont une journée de grève sociale, 2500 manifestants, 123 couvertures médiatiques, production et diffusion de 10 vidéos témoignages. «Autant de personnes qui expliquaient pourquoi ils fréquentaient un groupe communautaire, certains pour augmenter leur qualité de vie, et d’autres pour qui cela représentait une question de survie», a précisé Renaud Beaudry.

Au Centre-du-Québec et en Mauricie, des manifestations totalisant 734 personnes issues de 199 groupes communautaires ont eu lieu dans les 11 MRC des deux régions.

«Notre cause est juste, a insisté le coordonnateur de la TROC CQM. Mais l’insensibilité de la ministre Charlebois et du gouvernement aux besoins sociaux et de santé des gens qui fréquentent les organismes communautaires est injuste. Il est temps que le prétendu bon père de famille agisse avec cœur, passion et justice».

De l’avis de Renaud Beaudry, le ton du premier ministre a changé depuis le remaniement. «Il a un discours différent. M. Couillard affirme qu’il y aura de bonnes nouvelles le prochain budget. On lui demande donc d’informer sa ministre pour que la position du premier ministre devienne celle de Mme Charlebois», a terminé le coordonnateur de la TROC CQM.

Le mouvement communautaire

Le Québec compte quelque 3000 groupes communautaires, dont 220 en sol centricois et mauricien.

Ces 220 organismes nourrissent plus de 20 000 personnes, viennent en aide à 25 000 personnes en perte d’autonomie, rejoignent plus de 10 000 jeunes avec des activités de prévention, hébergent 2000 personnes aux prises avec des problèmes sociaux et apportent une aide à 9000 personnes handicapées et à leurs familles.