Où le travail favorise l’intégration sociale

VICTORIAVILLE. Existant à Victoriaville depuis une douzaine d’années, ce qu’on appelait l’Atelier transitoire d’intégration communautaire, maintenant fusionné à Pivot Centre-du-Québec, vient d’emménager au 30 B, rue de l’Artisan à Victoriaville dans de plus vastes locaux. Et sous une enseigne moins discrète que celle qu’il arborait rue Saint-Georges.

Ce déménagement dans des locaux mieux adaptés (Imprimerie Hébert), beaucoup plus grands qu’auparavant (l’ancien commerce Vidal rue Saint-Georges), devrait lui attirer un plus grand nombre de participants et plus de contrats, puisque l’organisme communautaire offre ses services de sous-traitance pour des travaux manuels.

Pivot Centre-du-Québec, c’est un plateau de travail pour des personnes aux prises avec des troubles sévères et persistants de santé mentale. L’infirmier auxiliaire Yves Houle explique que par le travail à Pivot, les gens affligés d’une maladie mentale (schizophrénie, dépression majeure, bipolarité, troubles de la personnalité, anxiété chronique, etc.), parviennent à sortir de leur isolement, à sociabiliser, à rester fonctionnels, à maintenir leurs acquis.

Il distingue Pivot Centre-du-Québec des autres plateaux de travail destinés aux personnes ayant une déficience intellectuelle. On ne guérit pas d’un problème de santé mentale, mais on peut, par divers moyens – dont une médication – se rétablir, explique-t-il encore. Se lever le matin, se rendre à l’atelier, travailler avec les autres nécessite des efforts, mais contribue au maintien de son équilibre, d’une discipline de vie, d’un sentiment d’utilité.

Dans l’«usine» les participants s’adonnent à des tâches manuelles qui ne nécessitent pas de formation ou d’équipements spécialisés. «Et surtout pas de pression!», ajoute l’infirmier auxiliaire. Chacun des participants alloue 15 heures par semaine (réparties) sur trois jours à ses tâches.

Les travailleurs participants ne sont pas rémunérés pour leur emploi, mais une allocation mensuelle de 100 $ s’ajoute à leurs prestations d’aide sociale.

Au moment de l’entrevue, on s’affairait à étiqueter des capteurs de rêve, à coller un peu de fourrure de lapin autour de flûtes et à emballer des boîtes de papiers mouchoir. Chaque semaine, les participants honorent également le contrat d’ensacher des circulaires dans près de 4000 Publisac.

Doublement utile

Si Yves Houle s’occupe du bien-être des travailleurs participants, c’est Carl Desharnais qui se charge de dénicher les contrats et des trucs pour faciliter leur travail.

Son expérience dans le monde du commerce lui est utile pour ses activités de démarchage auprès des entreprises. M. Desharnais dit que si Pivot est bénéfique à ses participants, il l’est aussi pour les entreprises qui veulent libérer leur personnel de tâches manuelles et répétitives. On peut coller, couper, emballer, assembler, étiqueter, plier, sceller, même confectionner des pinatas.

Dans ses plus grands locaux, maintenant dotés d’un débarcadère pour la livraison, Carl Desharnais croit que Pivot pourrait s’attirer plus de contrats. «Et puis, on se rapproche de nos clients étant situés tout près du parc industriel.»

L’atelier de travail vit presque exclusivement des contrats qu’il décroche.

Pivot Centre-du-Québec a été créé en 1989 à Drummondville alors que l’Atelier transitoire d’intégration communautaire est né, en 2003, dans la foulée de la désinstitutionnalisation de l’Hôpital Saint-Julien de Saint-Ferdinand où M. Houle travaillait d’ailleurs.

Devenu un point de service de Pivot Centre-du-Québec il y a deux ans, l’atelier victoriavillois peut accueillir 26 travailleurs participants. Comme ils sont 16 actuellement, les personnes ayant un diagnostic de troubles sévères et persistants peuvent frapper à sa porte pour y travailler. Yves Houle dit que souvent, les participants ont été guidés par le CLSC, le Centre d’intégration communautaire, la Résidence non institutionnelle, le médecin ou le psychiatre.

Au www.pivot-cdq.org tant les participants que les entrepreneurs peuvent obtenir plus d’informations. Ils peuvent également s’informer au 819 604-3745 ou par courriel (pivotcdq@videotron.ca).