Homme engagé, Reginald Sorel prend la présidence de l’AQANU

VICTORIAVILLE. Après Ricardo Dorcal il y a plusieurs années, un autre Victoriavillois, Reginald Sorel, a accédé à la présidence de l’Association québécoise pour l’avancement des Nations Unies (AQANU), fonction qu’il assume depuis environ un mois. Il succède ainsi à Michèle Douyon qui a choisi de retourner en Haïti pour mener différents projets.

Reginald Sorel connaît bien l’AQANU. Il siège au conseil d’administration depuis 2009. Il occupait la vice-présidence au moment d’accéder à la présidence de cette organisation non gouvernementale (ONG) qui se consacre à la promotion de la solidarité internationale et du développement durable en Haïti.

«Nous sommes une des plus petites organisations de développement au Québec et la seule qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles», souligne-t-il en entrevue avec La Nouvelle Union.

Membre de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, l’AQANU, qui a plus de 40 ans d’existence, supporte différents projets en Haïti. «Au fil des ans, on a réalisé des projets totalisant plus de six millions de dollars. Des projets qui touchent principalement l’agriculture, la santé, l’éducation et le microcrédit», indique Reginald Sorel.

«Même petit, on a la confiance du gouvernement, ajoute le président. Le gouvernement canadien a financé plusieurs projets, dont le plus récent, la construction d’une école, un centre de formation professionnelle, un projet de 1,5 million de dollars.»

Ce centre de formation a vu le jour à Rivière Froide, en banlieue de Port-au-Prince. «C’est en montagne, presque dans la brousse», mentionne Reginald Sorel. Ce qui fait la force de l’AQANU, selon lui, c’est qu’elle travaille avec des partenaires stables sur place. «C’est ce qu’il faut d’ailleurs, car tellement d’organisations débarquent avec la meilleure idée au monde. Malheureusement, ils se font arnaquer parce qu’il y a beaucoup de corruption ou encore parce que les projets ne durent pas en raison de partenaires n’ayant pas la capacité de les faire fonctionner», fait remarquer le président de l’AQANU.

«Nous travaillons avec des partenaires établis depuis longtemps avec qui on a développé une relation de confiance, mentionne M. Sorel. Des partenaires qui ont une capacité de gestion, une capacité de rendre compte de l’argent dépensé.» L’important aussi pour l’AQANU, c’est qu’elle supporte des projets qui émanent des partenaires du milieu.

Pour réaliser ces différents projets, l’organisme a dû diversifier ses sources de financement, le gouvernement fédéral ayant changé les règles. «Des changements qui rendent les choses plus difficiles pour de petites organisations comme nous», observe Reginald Sorel. Ainsi, l’AQANU peut compter sur différents partenaires, comme des organisations syndicales, certaines institutions comme la Caisse Desjardins.

Un appel à la responsabilisation de l’État

Reginald Sorel s’est vu confier un mandat, celui d’organiser la stratégie, de réunir différents intervenants et d’orchestrer la démarche afin de mener une intervention politique pour assurer l’avenir du nouveau centre de formation professionnelle.

«L’école est construite, complètement équipée, mais le problème se situe au chapitre du financement. Sa viabilité financière n’est pas garantie. Il faut comprendre qu’il s’agit d’une communauté très pauvre. De notre côté, on travaille à faire en sorte que l’État haïtien paie le personnel de l’établissement. L’État doit se responsabiliser davantage pour l’éducation», plaide le président de l’AQANU.

«Nous n’avons pas le choix de mettre de la pression sur le ministère de l’Éducation haïtien. Ils ont une école clé en main, équipée comme jamais, insiste-t-il. Il est normal que l’État se responsabilise pour une partie de fonctionnement du centre.»

Un autre mandat

Reginald Sorel, à la retraite depuis sept ans, n’a pas trop le temps de chômer puisqu’il agit aussi comme consultant spécial pour Haïti pour l’Internationale de l’éducation (IE), une organisation syndicale qui regroupe des syndicats de l’enseignement de partout dans le monde.

À la suite du violent séisme en Haïti, les enseignants ont tout perdu. Et des membres de l’IE en Amérique latine se sont engagés à reconstruire des bureaux de travail pour le syndicat haïtien de l’enseignement.

«J’ai pour mandat de coordonner les fonds recueillis pour reconstruire des bureaux. On m’a demandé aussi de coordonner la construction de ces bureaux, un projet d’environ 300 000 $. On espère le début de la construction pour bientôt», indique l’homme de 68 ans qui doute cependant que le projet soit terminé à la fin de l’année.

Un homme motivé

On connaît bien Reginald Sorel dans les Bois-Francs. Arrivé au cégep de Victoriaville en 1973 où il a enseigné l’anglais, l’homme aura passé 34 ans au Cégep. Mais les neuf dernières années, il les a vécues à titre de président de la Fédération des enseignantes et enseignants de Cégep affiliée à la CSQ.

Les sportifs se rappelleront aussi de l’homme de football, de l’entraîneur des Vulkins pendant plus de 20 ans.

L’intérêt de Reginald Sorel pour la coopération internationale remonte à plusieurs années. «À ma sortie de l’université, j’ai vécu deux ans en Afrique, en Côte d’Ivoire, comme coopérant volontaire, dit-il. Depuis, j’ai toujours eu un intérêt pour la coopération. De plus, mon engagement syndical m’a toujours gardé près de ça.»

De 2005 à 2014, il a fait partie d’un programme qui permettait l’envoi de coopérants pour travailler dans différents domaines, dont un volet dédié aux organisations syndicales. «J’y ai fait plusieurs mandats de durée variable, de quatre semaines jusqu’à deux ou trois mois. Mais avec la fin du programme en mars dernier, il est peu probable de voir d’autres mandats de longue durée, note-t-il. Avec l’AQANU et l’IE, je m’attends à m’y rendre périodiquement, une semaine à la fois, peut-être même quatre ou cinq jours parfois.»

Reginald Sorel a connu Haïti pour la première fois en 2003. Impossible pour lui de dire qu’il prend goût à ce pays. «On constate beaucoup de misère, une misère pas toujours facile à voir. Et la corruption, c’est épouvantable, lance-t-il. La corruption de la classe politique, c’est pire que jamais en ce moment. La politique, pour eux, constitue une façon de s’enrichir.»

Le pays, selon lui, réussira à se sortir du séisme. Mais comment s’extirper de la corruption? «Je ne sais pas, rien n’indique que ça va arriver», se désole-t-il.

Mais tant que la santé suivra, rien n’arrêtera Reginald Sorel qui se plaît à penser que, par son engagement, il peut, peut-être, contribuer à changer quelque chose. «De projet en projet, la motivation se maintient et j’aime les gens», conclut-il.