Les mutations du monde commercial n’effarouchent pas Annie Verreault

ÉCONOMIE. Elle a beau avoir vu le jour un 25 décembre, Annie Verreault dit n’avoir rien d’un messie ou d’une magicienne. «Mais je suis vaillante!»

Ainsi parle celle qui a été choisie parmi 38 candidats et candidates pour «étrenner», c’est le cas de le dire, le poste de coordonnatrice des commerces et services, un nouveau volet à la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR).

En poste depuis le 14 mars, elle a été présentée au «public» à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de la CDEVR jeudi matin.

Avant même de s’installer à son bureau de la CDEVR, les espoirs pesaient lourd dans le dossier des responsabilités accolées à la fonction.

Il faut se rappeler la récente campagne à la mairie de Victoriaville au cours de laquelle les principaux candidats ont tous dit à quel point ils misaient sur le travail du futur «commissaire» commercial, s’attristant, entre autres, du nombre de locaux vides – une vingtaine – au centre-ville de Victoriaville.

Mme Verreault ne paraît pas effarouchée par ces attentes.

À 53 ans, elle a acquis formation et expérience en gestion de commerce, marketing, administration et développement des affaires, a enseigné, créé sa boîte de consultation et travaillé pour des entreprises comme les Studios ArMédia au titre de vice-présidente au développement des affaires et, notamment, pour la Société de développement commercial Maguire à Québec (2011 à 2015), une SDC qui, par le nombre de ses membres (116), s’apparente à celle de Victoriaville.

Un centre-ville «authentique»

Du centre-ville de Victoriaville, Annie Verreault est loin de se désoler. La gestionnaire et consultante affirme qu’il y en a de bien pires ailleurs.

«Celui de Victoriaville est authentique. Il ne prétend pas être autre chose que ce qu’il est. Il ne fait pas de cachette. Il y a des régions où le centre-ville est beaucoup plus affecté.»

Ce qui l’épate de son nouveau milieu, c’est «l’énergie et le travail des acteurs et des commerçants. Cette collaboration entre gens d’affaires, même concurrents et qui échangent avec un regard aussi franc, ça, je n’ai jamais vu ça!»

Non, admet-elle, elle ne pourrait faire reculer le projet de fermeture du Sears (en octobre), n’aurait pu empêcher la chaîne Loblaw de mettre la clé dans la porte de son supermarché d’alimentation de la rue Carignan.

«Le monde commercial est en pleine mutation. Il y a tout un élagage qui se fait. On l’a vu avec l’échec de Target à s’implanter au pays. Les chaînes prennent des décisions d’affaires. Dans le cas du Loblaws de Victoriaville, il y avait peut-être saturation du marché.»

Les habitudes d’achat changent aussi, avec le commerce électronique, les achats en ligne, la livraison à domicile, fait-elle remarquer.

Si elle n’est ni messie, ni magicienne comme elle dit, Annie Verreault travaillera tout autant à accueillir et à séduire les entreprises commerciales manifestant un intérêt à s’installer qu’à sortir pour du «magasinage». «La prospection fait aussi partie de mes tâches.»

Un «plan de match»

Mais auparavant, et avec le directeur général de la CDEVR, Vincent Guay, il y a le «portrait» à faire, le «plan de match» à définir pour bien connaître la trame commerciale de Victoriaville (centre-ville et centres commerciaux).

La tâche est collective, soutient M. Guay et impliquera la collaboration de plusieurs intervenants, la Société de développement commercial du centre-ville de Victoriaville – des échanges ont déjà eu lieu -, la Ville de Victoriaville, les centres commerciaux, etc.

M. Guay parle d’études à mener pour connaître les habitudes des consommateurs d’ici. «Par des consultations, on va dresser la carte de ce dont on aurait besoin. On verra ce qui manque entre ce qui est et ce qu’on aimerait. Il faut trouver ce qui créerait plus d’achalandage», explique le directeur général de la Corpo. Et cela va au-delà des services et des commerces.

Il ne partage pas le point de vue de ceux qui avancent que la Ville aurait dû attendre la venue de la nouvelle commissaire avant de se lancer dans ses travaux au centre-ville. «La Ville avait bien sondé les besoins. Et Le Carré 150 qui, avec ses 50 000 visites par an, vient de créer un nouvel achalandage.»

M. Guay estime qu’il faudra entre quatre et six mois pour établir la planification stratégique en matière de développement commercial.

Une «page blanche»

«J’arrive avec une page blanche!», se réjouit la coordonnatrice.

La nouveauté de la fonction à la CDEVR, le «tissu» et la «personnalité du milieu» ont ainsi constitué des attraits pour Mme Verreault.

Originaire du Saguenay, ayant vécu sa carrière dans la région de Québec, mère de deux enfants et grand-mère de deux petits, elle raconte qu’elle et son conjoint avaient le projet de retraiter dans un lieu qui leur procurerait une qualité de vie. Portneuf et Kamouraska étaient dans leur mire.

C’est finalement dans la région de Victoriaville qu’ils ont décidé de chercher une maison, le lieu donnant à voir tout autant les Appalaches que les grands champs, explique-t-elle.

La vie recèle de ces surprises. Cherchant maison, c’est finalement un emploi que Mme Verreault a déniché. Emploi auquel elle ne pouvait résister.