Plusieurs contraintes pour les agriculteurs

AGRICULTURE. De passage devant des gens d’affaires et des élus municipaux, dans le cadre d’un dîner d’affaires de la Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec (CCICQ), le président de l’Union des Producteurs Agricoles (UPA) du Centre-du-Québec a fait un vibrant plaidoyer en faveur de la protection du territoire et des activités agricoles.

D’emblée, Jean-Luc Leclair a souligné l’importance économique du domaine agricole dans Nicolet-Bécancour, un territoire qui est composé de 966 entreprises agricoles qui génèrent 333 millions $, ce qui représente le tiers du chiffre d’affaires au Centre-du-Québec.

Il est ensuite revenu sur les nombreuses contraintes engendrées par la cohabitation avec les citadins, les commerces et les industries qui se sont installés près des agriculteurs au fil des ans. «On a parfois l’impression d’être traité comme des intrus», a-t-il fait remarquer.

D’où l’importance de la création de la CPTAQ qui, fait-il remarquer, n’est pas là pour interdire le développement en zone agricole, mais de le rendre plus cohérent et moins anarchique. «Dans un contexte où près de la moitié de la population du Québec vit sur les meilleures terres agricoles», a-t-il lancé.

Plusieurs intérêts

Jean-Luc Leclair a aussi fait remarquer que la compétition pour l’occupation du territoire provient de plusieurs intérêts, que ce soit les municipalités qui veulent agrandir leur parc industriel, le gouvernement qui veut faire passer une autoroute ou encore des normes environnementales à respecter.

Qu’on pense à l’interdiction de défricher pour en faire des terres agricoles, les réglementations en matière de milieux humides qui font en sorte qu’on se rabat sur les terres agricoles ou encore l’implantation des bandes riveraines qui, dans certains cas, peuvent faire perdre jusqu’à un tiers des récoltes.

La cohabitation avec les non-agriculteurs entraîne aussi plusieurs contraintes. «Il y a des milliers d’hectares qui ne peuvent plus être cultivés selon les pratiques normalement reconnues pour accommoder nos voisins. Ce sont des hectares qui sont moins productifs ou pour lesquels il faut aller vers d’autres façons de faire», ajoute le président de l’UPA Centre-du-Québec, qui souligne du même coup les efforts et les investissements des agriculteurs pour réduire les inconvénients.

Protéger le garde-manger

Jea-Luc Leclair a aussi insisté sur la protection du territoire agricole, afin de préserver «le garde-manger» des Québécois.

«Quand on demande un dézonage, on dit souvent que c’est juste un petit morceau, mais il y en a des milliers en même temps qui en demandent. C’est en les additionnant que ça devient grave», s’inquiète Jean-Luc Leclair, qui souligne que seulement 2% du territoire québécois est utilisé pour l’agriculture.

«Nous sommes prêts à le cultiver votre garde-manger, mais la volonté politique sur sa grandeur, c’est la vôtre, a-t-il déclaré devant plusieurs élus municipaux des MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska.

D’autant plus que si le Québec est autosuffisant sur le plan alimentaire, l’accroissement de la population et les changements climatiques pourraient changer la donne en agriculture d’ici une trentaine d’années.

«Les sources d’approvisionnement de plusieurs pays vont s’effondrer à cause de ça. Le centre des États-Unis et de l’Europe vont en perdre énormément d’âcres, indique Jean-Luc Leclair. Une seule zone sur la planète va voir son potentiel agricole augmenter : l’Amérique du Nord. La province qui gagner le plus, c’est le Québec. Les spécialistes sont unanimes là-dessus.»

À cela s’ajoute le phénomène d’accaparement des terres qui est aussi une source d’inquiétude. «Des pays qui ont des populations énormes et pas beaucoup de superficies cultivables, surtout asiatiques, achètent des blocs de terres dans d’autres pays au Brésil, en Argentine, en Afrique. Pas pour faire du commerce, mais pour nourrir leur population.»

«On n’aura donc plus accès à ces produits-là, note le président de l’UPA Centre-du-Québec. Il faut s’attendre à ce que ça aille un impact majeur sur le prix de la nourriture que l’on va aller chercher ailleurs».