Les producteurs laitiers lancent un avertissement

ÉCONOMIE. Une centaine de producteurs de lait des Bois-Francs et de L’Érable, plusieurs à bord de tracteurs, ont convergé vers Victoriaville, mercredi soir, pour manifester leur désaccord face à l’importation de protéines laitières et au Partenariat Transpacifique.

Il s’agit, non pas d’une manifestation organisée par le syndicat ou la fédération, mais bien d’un geste spontané des producteurs laitiers. Ceux-ci se sont mobilisés par les réseaux sociaux. «Les producteurs sont tannés de voir rentrer les produits d’importation. C’est le message qu’ils veulent lancer aux usines», a indiqué Normand Trodechaud.

Voilà pourquoi ils avaient ciblé l’usine Lactantia Parmalat du boulevard Pierre-Roux à Victoriaville. «Lactantia importe beaucoup de protéines laitières. Elle reçoit plusieurs camions par semaine», a souligné Pierre Guérard, un producteur de lait de Princeville.

Les producteurs, a-t-il expliqué, en ont ras le bol. «Cela fait des années que les protéines entrent au pays. Et voilà que le gouvernement, avec le Partenariat Transpacifique, vient ouvrir encore les frontières de 3,25% sans mesures, sans contrôle, sans savoir quelle qualité de lait entrera comparativement à nos normes en vigueur, des normes strictes que les autres n’ont pas.»

Le gouvernement, estiment les producteurs, semble ignorer l’ampleur de la situation. «Je ne sais pas si le gouvernement connaît les conséquences, s’il sait ce qu’on nous enlève sur nos paies, a précisé M. Guérard. Nous avons un système, ici, qui ne coûte rien aux consommateurs.»

La manifestation de mercredi soir, les producteurs la considèrent comme un avertissement. «Si on ne règle pas le problème, les producteurs se lèveront, ils seront sans doute plus sévères et actifs en optant pour des méthodes plus musclées», a fait savoir le producteur princevillois, laissant entendre que les producteurs laitiers pourraient exercer un contrôle sur les camions qui s’amènent à l’usine.

«Pourtant, a poursuivi Pierre Guérard, c’est si simple pour le gouvernement de contrôler les frontières et de protéger les marchés qu’on a déjà. Non seulement, il ne les protège pas, mais il en donne d’autres. C’est aberrant!»

Par leurs actions, les producteurs souhaitent sensibiliser, et non se mettre à dos, la population. «Les gens doivent comprendre ce que le gouvernement vient de laisser passer. Le gouvernement dit vouloir nous compenser. Mais nous n’en voulons pas des compensations. On veut juste notre prix pour nos produits, c’est tout!», a-t-il conclu.