Yum Yum obtient une baisse de prix

VICTORIAVILLE. La compagnie Aliments Krispy Kernels (Division Croustilles Yum Yum) a su convaincre la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Dans une décision rendue le 11 juillet, la Régie a convenu de réduire de 9% les prix payés aux producteurs de pommes de terre.

La demande d’arbitrage de la convention de mise en marché des pommes de terre en croustilles entre la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec et Croustilles Yum Yum a fait l’objet d’une séance publique débutée le 28 mai à Victoriaville et qui s’est poursuivie le 8 juin à Drummondville.

En plaidant sa cause, la Fédération a fait valoir qu’elle recherchait l’équité pour les producteurs dans ses négociations avec les acheteurs, que Yum Yum possédait un avantage sur Frito Lay (le seul autre fabricant de croustilles au Québec) quant aux prix payés et qu’il était souhaitable, selon elle, de réduire partiellement cet écart. Les prix, a observé la Fédération, doivent permettre aux producteurs de couvrir leurs coûts de production et les augmentations de prix des dernières années se comparent à la situation prévalant dans d’autres provinces.

La Fédération des producteurs de pommes de terre a aussi fait remarquer qu’entre 2007 et 2013, Yum Yum a payé un prix inférieur à celui de Frito Lay et que cet écart est en croissance. Les hausses de prix observées au Nouveau-Brunswick et en Ontario ces dernières années, a-t-elle précisé aussi, sont comparables aux hausses payées par Yum Yum.

Tout en reconnaissant qu’une entreprise comme Yum Yum est plus vulnérable aux aléas du marché, la Fédération a soutenu que les producteurs, pour assurer la rentabilité et la pérennité de leurs exploitations, devaient obtenir un prix qui couvre leurs coûts de production.

Du côté de Croustilles Yum Yum

Devant la Régie, les représentants de Croustilles Yum Yum ont notamment expliqué que l’évolution des prix que paie l’entreprise ne reflétait ni l’évolution des coûts de production, ni l’évolution des prix à la consommation, tout en faisant état des conditions de marché des dernières années.

Yum Yum a rappelé que son principal concurrent, Old Dutch, a fermé son usine au Québec en faveur d’installations plus modernes au Nouveau-Brunswick, là où le prix des pommes de terre, a-t-on précisé, est moins élevé qu’au Québec.

Frito Lay domine le marché des croustilles au Québec, plus de 66% du marché, mais elle est absente sur le marché des marques privées (marques maison), secteur qui, pour Yum Yum, constitue une part significative de son volume d’affaires.

Yum Yum a fait valoir que ses clients, pour la fabrication de leurs marques privées, exigeaient des baisses de prix et dans ce contexte, a-t-on dit, les prix payés par Old Dutch au Nouveau-Brunswick favorisaient nettement l’entreprise néobrunswickoise. La poursuite des activités de Yum Yum, a-t-on plaidé, impose que le prix des pommes de terre qu’elle transforme soit compétitif.

La décision

En rendant sa décision, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec a dit reconnaître que des prix permettant de couvrir les coûts de production constituaient un facteur de pérennité pour les exploitations agricoles.

Mais elle souligne aussi que, dans l’industrie de fabrication d’aliments à grignoter, la hausse des prix de pommes de terre, du maïs, de l’huile et d’autres ingrédients a eu une incidence sur la rentabilité.

Tout en étant consciente que les producteurs n’ont pas à assumer les choix stratégiques des acheteurs avec qui ils font affaire, la Régie indique qu’elle ne peut ignorer le contexte de compétition dans lequel est placée Yum Yum et les réalités économiques différentes qui caractérisent les deux producteurs de croustilles présents au Québec.

«Old Dutch, écrit la Régie, apparaît comme son principal concurrent et il est justifié que la performance de Yum Yum soit comparée à celle de son concurrent au Nouveau-Brunswick.»

La Régie a retenu que les prix payés par Yum Yum au cours des dernières années ont augmenté plus rapidement que les coûts de production ou encore de l’inflation.

Entre 2008 et 2012, les coûts de production ont connu une croissance de 11,4%. Au cours de cette période, les prix payés par Yum Yum ont augmenté de 20,4%. L’écart de croissance entre les coûts de production et les prix s’établit à 9%.

Puisque la véritable concurrence, pour Yum Yum, s’exerce au niveau de la fabrication des marques privées, le prix des pommes de terre constitue un élément de compétitivité important pour l’entreprise de Warwick dont la Régie a dû tenir compte pour ne pas fragiliser davantage Yum Yum par rapport à ses concurrents directs.

La Régie a ainsi estimé que les prix apparaissant à la grille de la convention pour l’année 2013-2014 devaient être réduits de 9%.

La Régie, par ailleurs, juge pertinent d’inclure dans la convention une clause à l’effet que Yum Yum informe la Fédération d’une situation justifiant une réduction des quantités convenues dans les contrats annuels avec les producteurs.

Enfin, quant à la durée de la convention, la Régie établit cette durée à deux ans, comme le souhaitait Yum Yum alors que la Fédération militait pour une année.

Au Nouveau-Brunswick, les producteurs et transformateurs ont convenu d’une entente de deux ans, a observé la Régie qui a constaté aussi que le climat entre la Fédération et Yum Yum apparaît «peu favorable» pour une reprise rapide des négociations.

Mais la Régie, dans sa décision, invite les deux parties «à entreprendre des discussions quant à leur vision à moyen et long terme de l’industrie, à leurs besoins respectifs et, surtout, leurs intérêts mutuels à assurer un développement harmonieux des entreprises de production et la pérennité de la transformation de pommes de terre en croustilles au Québec».