Le réservoir Beaudet aussi affecté par les changements climatiques

ENVIRONNEMENT. Les changements climatiques commencent à se répercuter dramatiquement sur le réservoir Beaudet. Et non, les kayakistes n’ont pas rêvé. «Effectivement, cette année, on a observé plus de sable, plus de sédiments notamment à l’entrée du lac», admet Serge Cyr, directeur du service de l’environnement de la Ville de Victoriaville.

Ce sont en effet des kayakistes habitués à pagayer d’année en année sur le réservoir qui ont communiqué leurs observations à La Nouvelle Union, s’inquiétant de voir non seulement plus de sable à l’entrée, mais aussi davantage d’algues et moins d’eau à plusieurs endroits.

La condition du réservoir, les couches de sédiments s’accumulant au fil des ans, préoccupe la Ville depuis plusieurs années, le bassin constituant la réserve d’eau approvisionnant en eau potable – une fois traitée évidemment – la moitié de la population de Victoriaville.

Depuis deux ou trois ans, note M. Cyr, les masses de sédiments se déplacent dans le réservoir au gré des pluies. «Les changements climatiques nous font passer d’un extrême à l’autre. Quand il pleut, les précipitations sont très fortes et la rivière lave ses berges de tous les sédiments qui se retrouvent en masse et brassés dans le réservoir.»

Entreprises depuis longtemps, les études pour restaurer le réservoir se succèdent, la Ville attendant, pour le printemps 2017, le rapport précisant les impacts sur la faune et la flore qu’auront les travaux qu’elle entend mener.

Travaux en vue

L’étude d’impact constitue la clé qui permettra, par la suite, de ficeler le dossier, c’est-à-dire, d’établir les plans et les devis, d’obtenir les autorisations du ministère de l’Environnement, d’acheminer les demandes de subventions aux deux paliers de gouvernement, d’établir l’échéancier des travaux.

Mais quels travaux?

On pourrait se contenter de draguer et de s’y astreindre régulièrement ou on envisage des travaux complémentaires, confirme le maire André Bellavance.

L’un de ces scénarios consisterait à créer un réservoir à même le réservoir. On érigerait un mur dans le lac – du côté de la Grande-Ligne – de façon à constituer un deuxième bassin d’eau brute.

Cette deuxième prise d’eau offrirait à la Ville la possibilité d’y recourir dans des cas particuliers, lorsque, par exemple, de fortes pluies créent trop de turbidité dans la rivière Bulstrode et, conséquemment, dans le grand bassin originel.

«On pourrait puiser l’eau de ce deuxième bassin dans un cas comme celui qu’on a vécu avec l’incendie de l’usine SamaN où on a cru que le ruisseau Labbé déporterait ses contaminants dans le réservoir. Lorsque c’est arrivé, j’avais l’œil sur le médecin et le doigt prêt à peser sur le bouton. Au moindre signe, j’appuyais sur le bouton pour que l’on cesse de boire l’eau du réservoir», explique le maire Bellavance.

La création d’une deuxième prise d’eau permettrait aussi à la Ville d’économiser sur le traitement de l’eau, puisqu’il agirait comme une sorte de bassin de décantation, ajoute Serge Cyr.

Mais il ne s’agit encore là que d’un scénario, spécifie le maire.

«On n’en connaît ni la faisabilité, ni les coûts. Quand le conseil en sera saisi, il aura une décision à prendre», ajoute-t-il.

2018 dans la mire

À la faveur du récent budget fédéral, la Ville de Victoriaville mise sur des subventions pour mener ce chantier qui nécessitera de gros investissements et un long échéancier.

«On a toujours parlé de sept, huit, même dix ans. Ce que je souhaiterais, c’est qu’on puisse aller chercher le maximum de subventions afin d’aller un peu plus vite», espère M. Cyr, s’attendant à ce qu’une première phase s’amorce en 2018. Il ajoute qu’au-delà des travaux à mener dans le réservoir, il faudra aussi en effectuer en amont.

«Il faut être réaliste. On sait qu’il nous faut agir au réservoir et qu’il nous faut investir. Mais il faut le faire en respectant la capacité de payer des contribuables. On ne peut pas tout mettre le budget de la Ville dans le réservoir!», conclut André Bellavance.