Le terrorisme a un père et une mère

RÉFLEXION. Dans le salon de la Communauté du désert, en présence d’une dizaine de personnes participant à une retraite ouverte, l’abbé Gérard Marier a suscité les échanges autour du terrorisme… l’attentat de Nice lui en fournissant malheureusement encore l’occasion. Sa réflexion était à la fois sociale, spirituelle, presque politique.

«On ne naît pas terroriste, on le devient», a-t-il écrit dans ce texte qu’a lu son assistante Marie-Josée Roux.

Dans son message, il soutient que si les raisons de devenir terroriste sont multiples et complexes, reste qu’un fil réunit tous ceux qui commettent l’irréparable. Ils ont tous en commun de se sentir exclus.

«On n’a plus de nom, plus personne ne nous connaît. Eh bien, par un geste, d’une barbarie spectaculaire, le monde entier saura comment je m’appelle. Je m’appelle Mohamed Lahouiej-Bouhlel, résidant à Nice et d’origine tunisienne.»

Gérard Marier décrit leurs gestes. «Les terroristes, par des actes foudroyants, se mettent en lumière pour crever les yeux. C’est l’espoir des désespérés, l’espoir que la nuit aura une fin, qu’un jour nouveau est possible.»

Il ajoute que si l’exclusion est la mère du terrorisme, le manque d’espérance en est le père. «Le pessimisme du monde est la goutte d’eau sur un fer rouge». Le noir est la couleur du temps, ajoute-t-il et, citant l’écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, «l’optimisme pâtit d’une mauvaise presse».

Si aucun pays n’est à l’abri du terrorisme, précise-t-il, la France plus que d’autres est attaquée, elle qui a remporté le triste titre de pays le plus pessimiste du monde.

Gérard Marier estime que la France serait plus en sécurité par des mesures sociales qui préviendraient le terrorisme, plutôt que par des mesures d’urgence.

C’est la portion de son message sur l’inclusion et l’exclusion qui a particulièrement touché les gens à qui il s’adressait. Des hommes politiques participent à ériger des murs pour exclure, a-t-il ajouté, évoquant l’ex premier ministre Stephen Harper et le potentiel prochain président des États-Unis, Donald Trump.

Même l’Église a pratiqué l’exclusion, a-t-il poursuivi, à l’égard de la communauté homosexuelle ou encore des couples divorcés. Heureusement, dit-il, le pape François est en train de corriger un peu le tir.

Chacun doit se sentir concerné par ces questions de l’inclusion et de l’exclusion, ont fait valoir des participantes. Il faut entretenir l’espoir, le «positif» dans chaque foyer, chaque paroisse, chaque pays. Au lieu de céder à la peur et au découragement.

On ne nie pas que cela représente un défi.

Ne serait-ce que dans la façon d’accueillir le nouvel arrivant, dont on constate parfois trop tard qu’il ne s’est finalement jamais bien intégré. On manque aussi de moyens pour dépister le désespoir de certains jeunes qu’on a sortis du système ou qui se sont sortis eux-mêmes, a-t-on aussi fait valoir.

Les journalistes se confrontent également à un grand défi dans la couverture des événements dramatiques. Le suicide comme le terrorisme ont un effet contagieux, comme le culte du vedettariat, soutient le prêtre.

Gérard Marier reconnaît qu’est «préoccupant» le fait que tous ceux qui ont commis des attentats portent des noms musulmans. La pierre n’est pas à lancer à la religion, mais à la culture du Coran, plus précisément à son interprétation.

Le pasteur de 86 ans entretient l’espoir… et l’espérance, ayant été renversé que le président de la République ait reconnu que la France était blessée et qu’elle avait besoin d’aide.