Des solutions pour verdir demain, il en mijote au Québec

VICTORIAVILLE. A pris fin, mercredi soir, le colloque international Vertech avec la remise des prix d’un tout premier concours «Vertech City», défi lancé aux collégiens et universitaires de la planète. Les résultats ont été si appréciés qu’on relancera cette compétition en vue du prochain colloque Vertech qui se tiendra à Namur (Belgique) dans un an et demi.

Animée par le journaliste Jean-François Lépine, la soirée de mercredi était à la fois la conclusion du colloque Vertech et le préambule au troisième Forum de développement durable pour lequel on espérait un peu plus de 250 participants.

L’ex-journaliste de Radio-Canada, se disant préoccupé par le développement durable et passionné par l’avenir a accepté d’animer toutes les activités du Forum de jeudi. Il se promettait de «brasser la cage» de son auditoire dès le début de la matinée. Données statistiques à l’appui, il se préparait à faire son pitch sur l’état de la planète.

Le sombre diagnostic est connu, mais, toujours selon M. Lépine, «on ne ressent pas encore ici la solution de l’urgence». Malheureusement, ajoute-t-il, l’histoire montre que, seules les crises font réagir. «Faut pas avoir peur. Il faut essayer de comprendre et d’innover. Les solutions, on les connaît. Il faudra voyager et consommer différemment.»

Il poursuit en disant que le Québec ne bouge pas. Et pourtant, il recèle des entreprises et des personnages encore considérés comme des exceptions. Le Forum de développement durable en recèle une belle brochette, a-t-il souligné, évoquant des gens comme le «dragon» Alexandre Taillefer, Mariouche Gagné d’Harricana, l’astronaute David Saint-Jacques et Dominic Champagne.

Ce dernier, réalisateur, entre autres du documentaire Anticosti, s’est dit heureux de se retrouver à Victoriaville, alors que, depuis mardi, les gens se mettaient en «mode solutions». Le metteur en scène s’inquiète pour l’avenir, s’appuyant sur les dernières données scientifiques qui montrent que notre civilisation court à sa perte si elle ne cesse de puiser à même les ressources hydrocarbures de son sous-sol.

«Nous sommes les contemporains d’un monde où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, on risque de donner en héritage une planète dans un moins bon état que celui dans lequel on l’a reçue. Nous sommes les contemporains d’une grande inquiétude», a-t-il déclaré.

En mode «solutions»

À l’instar des Lépine et Champagne, Anis Ben Amor, chargé de projet au Consortium de recherche en innovations et en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ), croit aussi que ce ne sont pas les idées qui manquent ici, mais les investissements et la volonté politique.

Et la teneur des dossiers de candidature au concours Vertech où l’on demandait aux étudiants d’imaginer une cité plus verte, l’a démontré selon M. Ben Amor.

«On s’attendait à huit projets, on a reçu 42 lettres d’intention», précise-t-il. Les candidatures provenaient de Russie, de Chine, de Bolivie, des États-Unis, de la France, de l’Inde, de l’Indonésie et du Canada.

Beaucoup de solutions vertes reposent dans le traitement des déchets, rejets et eaux usées. «La matière grise ne manque pas et on s’aperçoit qu’au Québec, on reste à l’affût», dit M. Ben Amor. Avec lui, on traitera d’écologie industrielle, où les «déchets» d’une entreprise servent de matière première à la suivante. Non seulement, les solutions vertes ont un impact environnemental, mais ils ont aussi des incidences économiques, sociales… même touristiques comme on l’a vu dans le projet du traitement des eaux d’un lagon bolivien.

Une dizaine de «super projets» ont été sélectionnés, dont deux en provenance du cégep de Victoriaville. Le tandem de Maude Tanguay et Antoine Rouleau-Desrochers, maintenant étudiants à Polytechnique, elle en génie chimique, l’autre en génie mécanique, a présenté toutes sortes de solutions (éclairage DEL, fenêtres à panneaux solaires, Pyrowave au lieu du compost, culture d’algues) qui pourraient facilement s’appliquer tant pour les établissements commerciaux que pour les propriétaires résidentiels. Une autre équipe d’anciens collégiens de Victoriaville, composée d’Antoine Vaudreuil, Antoine Gauvin Verville, Jérémy Bartlett, Samuel Roux et William Gras ont présenté le projet d’une Ville D2 où, par une meilleure gestion de l’énergie, on pourrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

C’est une équipe composée d’étudiants de plusieurs universités qui a remporté le premier prix de 5000 $. Les Dany Roy, Maxime Lemonde, Joey Labranche et Olivier Sylvestre ont soumis de verdir la Ville de Québec. Non, ont-ils répondu en souriant, le maire Labeaume n’avait pas été informé de leur projet.

Si le maire de Saint-Christophe-d’Arthabaska, Michel Larochelle avait pu faire partie du jury, il aurait aussi eu un coup de cœur pour ce projet visant à redynamiser la Ville de Saint-Gabriel. Un tel coup de cœur qu’il lui a donné l’envie de présenter au conseil un projet de parc vert au cœur de la Municipalité. «On a le terrain. On pourrait donner une place verte à nos citoyens, avec des sentiers et un terrain de tennis pour bouger. Il serait éclairé au DEL et on planterait des arbres fruitiers au lieu des érables.»

La deuxième journée du colloque Vertech où les jeunes ont présenté leur conception d’une ville verte a été plus palpitante pour M. Larochelle que la journée de la veille où, en tant qu’élu, il se sentait moins interpellé par des échanges de très haut calibre scientifique.

Ce haut niveau d’échanges fait la fierté du directeur général de la Ville de Victoriaville, Martin Lessard. Il dit que par ce colloque international Vertech, Victoriaville se positionne favorablement sur la planète du développement durable. «C’est impressionnant de voir qu’à Victoriaville, où n’a pas de campus universitaire, on peut réunir des scientifiques, des chercheurs, des décideurs qui auront une influence sur demain. Il est difficile d’en mesurer les retombées, mais on peut dire que le Forum a un impact collatéral en faisant rayonner Victoriaville.»

Par son allocution, le maire Alain Rayes, a rappelé que s’il fallait travailler à transmettre une société meilleure à la génération suivante, Victoriaville n’oubliait pas que ses initiatives vertes avaient commencé en 1970 avec le prof Normand Maurice à qui on rendra un hommage posthume en décembre prochain, dix ans après sa disparition.