Des archives singulières comme le parcours de Bill Ninacs

Archives Bois-Francs vient de s’enrichir du fonds William A. Ninacs, un des piliers du monde communautaire, une personnalité victoriavilloise dont l’envergure a largement dépassé les frontières de la région. C’est ce qui lui avait d’ailleurs valu d’être admis à l’Ordre victorien en 2012.

Ninacs, que plusieurs prénomment toujours «Bill», a pris la décision de céder ses archives personnelles à Archives Bois-Francs. «Ce geste généreux de M. Ninacs est à la hauteur de sa notoriété. Nous recevons avec privilège les archives de cet homme remarquable. Ses documents ont pris le chemin du local de l’organisme, situé au sous-sol de la bibliothèque du Cégep de Victoriaville, où ils seront préservés, protégés et traités de façon à les rendre accessibles au public», de mentionner le président d’Archives Bois-Francs, François Gardner.

Militant, consultant, chercheur, formateur, M. Ninacs dit vouloir laisser une «trace» de l’histoire communautaire de Victoriaville. «Les groupes communautaires servent et agissent, mais n’écrivent pas », dit-il. C’est dans cet esprit qu’il a cofondé la coopérative La CLÉ avec la regrettée Ginette Genois et Richard Leroux. Les archives de M. Ninacs renferment notamment des documents issus d’organismes auxquels il a été associé, même de groupes ou d’entreprises disparus comme la boucherie et le garage coopératifs.

Ninacs a été le premier coordonnateur de la Corporation de développement communautaire des Bois-Francs (qui fut la première à se créer au Québec), le directeur adjoint fondateur du CLSC Suzor-Coté, le créateur d’un cabinet privé de comptabilité afin de soutenir les coopératives et organismes communautaires pour ne nommer que cela.

Lorsqu’on lui demande quelle est la fonction le résumant le mieux, il répond «comptable». Ce qu’il a été d’abord, dans le secteur privé, au moment de s’installer à Victoriaville au cours des années 1960. Il faut connaître l’extraordinaire et singulier parcours et le long curriculum de M. Ninacs pour estimer la juste valeur et la diversité de ses archives. Parce que s’il a été fort actif dans le monde communautaire de Victoriaville et sa région, ses travaux et recherches sur le développement social et économique, l’accessibilité universelle, la justice sociale, l’action communautaire, la lutte à la pauvreté l’ont mené d’une province canadienne à l’autre, jusqu’en France et à Taiwan.

Ses archives recèlent de nombreux articles qu’il a rédigés, des présentations, les textes de ses conférences, certaines en français, d’autres en anglais. Obtenue en 2002, sa thèse de doctorat portant sur les types et processus d’empowerment en ont fait un expert de la question au Québec. Son ouvrage intitulé «Empowerment et intervention : développement de la capacité d’agir et de la solidarité» paru en 2008 aux Presses de l’Université Laval s’impose comme une incontournable référence.

Il a enseigné à la School of Community Economic Development du Southern New Hampshire University et au programme de diplôme de deuxième cycle en Développement  à Concordia, programme qu’il a contribué à élaborer. Il a été professeur associé à l’Université Laval, occupant cette fonction à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2011. La maladie Charcot-Marie-Tooth le privant de plus en plus de son autonomie a certes freiné beaucoup de ses mouvements, mais ne l’avait pas empêché de poursuivre ses engagements.

Il a présidé l’Institut de formation en développement économique communautaire, participé à la fondation du Conseil québécois de développement social, du Centre d’appui au pouvoir d’agir des communautés locales (agissant sous le nom de Communagir). Il a même mené deux campagnes électorales dans Arthabaska portant la bannière de Québec solidaire en 2007 et 2008. Cet engagement politique faisait écho à ce qu’il appelle son «objectif de vie».

«C’est, en somme, un monde nouveau que je veux faire advenir, une société plus égalitaire, débarrassée de la pauvreté, du sexisme, des logiques technocratiques et des abus de pouvoir.  Dans ce sens, ma trajectoire professionnelle renvoie davantage à un plan de vie qu’à un plan de carrière, une vie que je mets au service de cet objectif», d’ajouter M. Ninacs.

Archives Bois-Francs, souvenirs du passé, actif au présent

 À ce jour, Archives Bois-Francs a accueilli une trentaine de fonds en provenance d’organisations, d’institutions et de personnalités de la région. Son site Internet, archivesbf.org, les décrit et son compte Facebook diffuse régulièrement des informations, des photographies issues de son coffre aux trésors. Cet organisme dispose d’un local situé au sous-sol de la bibliothèque du Cégep de Victoriaville, au 150, rue Notre-Dame Est à Victoriaville. Le local s’ouvre tous les mercredis, en après-midi, entre 13 et 16 heures. L’organisme possède également son adresse électronique – info@archivesbf.org – et un numéro de téléphone, le 819 758-3881.